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Table rase ?
Lmda N°250 Entre récit autobiographique et méditation politique, une passionnante réflexion sur l’histoire et la mémoire par Anne Roche.
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Domaine étranger Jours légendés d'une égérie Les carnets poétiques et photographiques de Patti Smith. Même un amateur inconditionnel de Jean-Sébastien Bach doit reconnaître que la musique de Patti Smith a de la gueule, pour parler familièrement. Horses, Estear, Peace and Noise résonnent à nos oreilles secouées, émues. Poésie beat et rock sauvage s’entrechoquent au point que la musicienne new-yorkaise, également écrivaine, artiste-peintre et photographe, soit une icône du mouvement punk. Son engagement politique en faveur des libertés, pour...
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Domaine français Un fou pas si fou Avec sa façon, unique, de s’engouffrer au cœur du désordre rythmique et charnel des choses, Eugène Savitzkaya nous conte l’errance poético-fantasmatique de son fou de Paris. Si la figure du fou narrateur et personnage est un des modes d’apparition de Savitzkaya dans ses textes – comme dans Fou civil, Fou trop poli ou encore Fraudeur –, elle est surtout – comme celle de l’enfant – une façon de donner corps au parti pris de l’altérité, une manière de faire du principe de déraison une donnée première de la création. Disponible à ce qui s’offre, le fou de Paris a la bougeotte, et le livre éponyme se construit de...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Drôle d’Œdipe
On attendait l’automne pour savourer le dernier Modiano en sa bruine mais alerte, voici que soudain les sirènes de l’édition retentissent au signal d’une intrusion : un inconnu de 25 ans a vendu en deux mois ses confessions cent mille fois. La presse repère dans ce succès aussi rapide qu’imprévisible les signes d’un véritable phénomène de société. Sans surprise, le Matricule exige une enquête. Patrick attendra.
Mais ça alors quel hasard et que le monde est mince puisque Panayotis Pascot (le phénomène observé) accéda à la notoriété par la même rampe que Lilia Hassaine, commentée dans...
Le Matricule des Anges n°248
un auteur
Magyd Cherfi
Chronique
Traduction
Traduction
Arnaud Bikard *
Le Chevalier Paris et la Princesse Vienne d’Élia Lévita
Rien ne me destinait a priori à traduire un roman de chevalerie, et sans doute encore moins un roman de chevalerie yiddish. Arthur, Charlemagne, le merveilleux, les inimitiés et alliances des familles seigneuriales n’ont pas exercé de charme particulier sur mon enfance. On a bien dû me dire, avant l’âge adulte, que mes grands-parents maternels connaissaient le yiddish (bien que, ne les ayant jamais entendus parler que le français, il m’est arrivé d’en douter) mais cette langue, associée dans mon imaginaire au judaïsme orthodoxe, à la grisaille polonaise, aux disparus de la Seconde Guerre...
Le Matricule des Anges n°248
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Domaine étranger Ruines et gâchis Les Mémoires de jeunesse de Vera Brittain (1893-1970) constituent une somme féministe et politique soigneusement documentée sur la Grande Guerre. En dépit de son succès considérable à sa publication en 1933, Testament of Youth n’avait jamais été traduit en français jusque-là. Cet ouvrage volumineux que Virginia Woolf avait encensé et qui a été plusieurs fois porté à l’écran retrace, à partir du journal que la jeune Vera Brittain tenait ainsi que de sa correspondance, l’irruption de la guerre et ses conséquences catastrophiques en Europe. Un témoignage d’une précision méticuleuse, qui...
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Poésie Hölderlin, un saint de la poésie Il voyait dans la beauté d’un monde hanté par les paysages d’une Grèce idéale, l’effraction sublime du sacré. Entre chant nuptial et souffrance tragique, sa poésie cherche à réconcilier la nuit et la lumière. Lire Hölderlin aujourd’hui n’a rien d’évident. Profitons donc de la reparution d’un choix de Poëmes de Friedrich Hölderlin, dans la version française de Gustave Roud, pour le (re)découvrir et constater combien la manière dont il ordonne son dire, construit son chant et développe, sur un pur mode d’exaltation, une parole souveraine dans sa joie de nommer, mérite le détour. Contemporain de Beethoven et de Bonaparte, Hölderlin, né en Souabe en...
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Histoire littéraire Yourcenar, en toutes lettres Passionnant pour tous ceux qui s’intéressent au métier d’écrivain ou goûtent la cuisine de l’édition, ce nouveau tome de sa correspondance montre aussi comment l’auteure participe à la construction de son œuvre. Couvrant les années 1968-1970, ce cinquième volume de correspondance témoigne de la façon dont Marguerite Yourcenar contrôle l’interprétation et la publication de ses textes et balise le territoire de sa pensée. Les échanges de l’année 1968 s’organisent autour de la parution de L’Œuvre au noir, préparatifs et diffusion, tandis que ceux des deux années suivantes portent sur la réception du livre et les interactions qu’il a suscitées avec les...
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Théâtre Un opéra tout neuf L’œuvre culte de Bertolt Brecht, nouvellement traduite, bénéficie d’un remarquable travail éditorial. L’Arche, la maison d’édition qui veille historiquement sur les œuvres de Bertolt Brecht, poursuit avec constance et intelligence son travail autour des textes du grand dramaturge allemand. Après avoir publié en romans graphiques Histoires de monsieur Keuner et La Résistible Ascension d’Arturo Ui, elle entreprend cette fois de nous faire redécouvrir son œuvre la plus célèbre, L’opéra de quat’sous à travers une très belle édition critique. En...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
Madeleine, pleine de grâce
Pédagogue engagée, Madeleine Barthes a consigné dans une paire de carnets quelques souvenirs et sensations.
Avec un prénom tellement proustien et un patronyme qui n’est pas sans rappeler telle éminente figure, Madeleine Barthes va prendre naturellement sa place dans la bibliographie du siècle dernier. Elle se rangera d’elle-même dans la catégorie des simples et des discrets, aux côtés d’Estella Canzani, par exemple, parmi tous ces écrivains qui naissent sans l’être et le deviennent par hasard, parce qu’un cahot du chemin leur a mis un crayon dans les mains. Madeleine Barthes aurait du reste pu ne jamais le devenir, écrivain. Elle écrivait, voilà tout, et rien n’annonçait que la pitié filiale et...
Le Matricule des Anges n°214