-
Tomber comme des mouches
Lmda N°250 À trop agir sur l’environnement… l’écrivaine québécoise Mireille Gagné signe un deuxième roman éco-anxieux.
-
Domaine étranger Les mains et les choses Un monde de sensations et d’objets légèrement étranges à travers les yeux d’un enfant dont on ne sait pas s’il pense ou s’il rêve. La vue m’utilise pendant des heures pour regarder », peut-on lire et relire pour être bien sûr de comprendre dans un prologue très intrigant. Les 43 courts textes qui suivent (« La petite cuillère », « La fourchette », « L’appui de fenêtre », « La table »…) forment des petites vignettes écrites à la hauteur d’un enfant qui entretient une drôle de relation aux êtres et aux choses. Les destinations ne sont pas toujours là où on les attend,...
-
Domaine français Vents violents Troisième roman du Québécois Kevin Lambert qui ausculte les états d’âme des élites prises dans une tempête médiatique. De toute évidence, c’est une femme puissante. Elle se voit comme « une reine-philosophe » au sein du club très fermé, et bien trop masculin, des architectes internationalement reconnus. Oui, c’est peu dire que Céline Wachowski, à la tête des Ateliers C/W sis à Montréal, a réussi dans la vie. Le fait qu’elle ait sa propre série sur Netflix vaut d’ailleurs consécration suprême, adoubement médiatique. Seulement voilà, les courants si porteurs...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Les corps caverneux
Inquiet sans doute du piètre état des nappes à la veille d’un énième été radieux, Pierre Michon rouvre les écluses et miracle, voici qu’à nouveau coule la Beune. Enfin, miracle. C’est parler vite. Ce retour bien sûr nous ravit mais. Comment dire. Difficile de contenir sa déception si l’on se remémore cette information parue dans Le Monde à l’été 2020 : l’auteur des Vies minuscules annonçait avoir achevé « un roman d’amour de plus de quatre cents pages ». Un texte « hypercontemporain », précisait-il, avec une partie de l’intrigue située en Chine mais chut je ne vous en dis pas plus. Et...
Le Matricule des Anges n°244
un auteur
Magyd Cherfi
Chronique
Traduction
Traduction
Arnaud Bikard *
Le Chevalier Paris et la Princesse Vienne d’Élia Lévita
Rien ne me destinait a priori à traduire un roman de chevalerie, et sans doute encore moins un roman de chevalerie yiddish. Arthur, Charlemagne, le merveilleux, les inimitiés et alliances des familles seigneuriales n’ont pas exercé de charme particulier sur mon enfance. On a bien dû me dire, avant l’âge adulte, que mes grands-parents maternels connaissaient le yiddish (bien que, ne les ayant jamais entendus parler que le français, il m’est arrivé d’en douter) mais cette langue, associée dans mon imaginaire au judaïsme orthodoxe, à la grisaille polonaise, aux disparus de la Seconde Guerre...
Le Matricule des Anges n°248
-
Domaine étranger La défense Nabokov La réception de Lolita, vue par sa femme Véra. Si l’expression « l’arbre qui cache la forêt » a bien un sens, nul doute qu’elle s’applique à Vladimir Nabokov (1899-1977). Entre scandale, censure à l’encontre d’un volume confidentiel d’abord publié en anglais à Paris en 1955, chez un éditeur plus que suspect de pornographie sous le manteau – Maurice Girodias – puis devenu best-seller stratosphérique, tout conspire à faire de Lolita le roman emblématique de son auteur, auquel un Cahier de...
-
Poésie Désenvenimer l'inacceptable À travers sursauts et scissures, dissonances et tâtonnements inquiets, la poésie d’André Frénaud (1907-1993) met en scène l’expérience ontologique. Une anthologie de ses poèmes longs nous donne l’occasion de la(re)découvrir. Moins répandue que celle d’un René Char ou d’un Henri Michaux, la poésie d’André Frénaud, né à Montceau-les-Mines, en 1907, ne se livre pas d’emblée. Pudique et rigoureusement syntaxée, elle est celle d’un grand mâcheur de mots qui fait entendre une vérité d’existence sous la vérité d’écriture. Entré tard en poésie, à 34 ans, retour de captivité, avec Les Rois mages, André Frénaud a une vision tragique de l’homme. Isolé au cœur de...
-
Poches La grande manœuvre à lunettes La philosophe Simone Weil témoigne de l’usine : sa violence, ses douleurs et ses joies. Un « mystère », et un grand livre. En décembre 1934, la jeune agrégée de philo Simone Weil se fait embaucher dans une usine comme « manœuvre sur la machine ». Pour comprendre et partager les « souffrances des ouvriers ». Dans une lettre d’avril 1935 que cite dans sa préface Thomas Dommange, elle note : « Cette expérience, qui correspond par bien des côtés à ce que j’en attendais, en diffère quand même par un abîme : c’est la réalité, non plus l’imagination ». Elle...
-
Théâtre Cœurs de femmes Valentine Sergo ausculte une société qui déraille. Il y en a des cœurs qui battent dans cette histoire. Et il y a Nour pour s’en occuper. Nour est cardiologue. Enfin, interne en cardiologie. Et ce ne sera pas facile pour elle d’intégrer le service de l’hôpital puisqu’elle est maghrébine : « Nous devons respecter les quotas d’étudiants étrangers. Ce sont d’abord les étudiants en provenance d’autres pays européens qui sont retenus, puis, s’il reste de la place, les étudiants...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
Billets du front
Journaliste de premier plan, Emmanuel Bourcier milita pour la double cause des écrivains morts à la guerre et celle des écrivains survivants.
Emmanuel Bourcier appartient à la génération de journalistes qui a vu paraître les premiers magazines. Ceux-ci, inspirés de la nouvelle presse anglo-saxonne, permettaient à une France avide de nouveautés de découvrir une nouvelle manière de maquetter les pages, soutenue par un usage allègre et parfois mal maîtrisé de la photographie et des à-plats d’encre inspirés des suprématistes russes.
Emmanuel Bourcier était une figure-clé de la vie culturelle de cette époque, l’entre-deux-guerres, au même titre qu’Édouard Helsey, Hugues Le Roux, Paul Ginisty, Henri Béraud, Albert Londres, Joseph...
Le Matricule des Anges n°142