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Prose cession
Lmda N°250 Deuxième ouvrage d’une trilogie, Les Fous sont des joueurs de flûte explore sans complaisance la rançon des traumatismes et l’emprise des hommes.
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Domaine étranger Vies et légendes de « Deadwood Dick » Nat Love (1854-1921), ancien esclave, se réinvente par l’écriture en sujet de sa propre histoire. Un puissant récit d’émancipation. Le western est un tissu de mensonges, d’oublis, de gros arrangements avec l’Histoire : le mythe fondateur d’une nation colonisatrice, esclavagiste et génocidaire. De prolos de ranch, portant Colt sur la hanche et Stetson sur la tête, peintres, photographes et plumitifs font très tôt un cirque, comme celui de « Buffalo » Bill Cody l’exterminateur d’Indiens et de bisons, où l’on exhibait de pauvres rescapés des massacres, ensemble hommes et...
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Domaine français Faire parler le taiseux Plein d’inventions langagières, Donato est un hommage à un grand-père italien, paysan dans les Pouilles devenu mineur en Belgique. Une pépite. Quelle liberté, ces retrouvailles avec de vieux mots, cette virtuosité de langage ! C’est le premier roman d’Éléonore de Duve, et on se plonge avec un plaisir raffiné dans son écriture, à la fois sophistiquée et intelligente, sensible et terre à terre, au plus près de la matière, du travail, de la main, du concret. Nous sommes en Italie, dans le sud rural, en Basilicate. Le village « dessine une caracole pâle, bouffée, sertie sur une...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Les corps caverneux
Inquiet sans doute du piètre état des nappes à la veille d’un énième été radieux, Pierre Michon rouvre les écluses et miracle, voici qu’à nouveau coule la Beune. Enfin, miracle. C’est parler vite. Ce retour bien sûr nous ravit mais. Comment dire. Difficile de contenir sa déception si l’on se remémore cette information parue dans Le Monde à l’été 2020 : l’auteur des Vies minuscules annonçait avoir achevé « un roman d’amour de plus de quatre cents pages ». Un texte « hypercontemporain », précisait-il, avec une partie de l’intrigue située en Chine mais chut je ne vous en dis pas plus. Et...
Le Matricule des Anges n°244
un auteur
Magyd Cherfi
Chronique
Traduction
Traduction
Charles Bonnot *
Fuck Up, d’Arthur Nersesian
Tu aurais le temps pour une trad à rendre en février ? Je crois que le texte pourrait te plaire.
– Je devrais pouvoir m’organiser, c’est quoi ?
– Ça s’appelle The Fuck-Up, d’Arthur Nersesian. C’est sorti en 1991, c’était son premier roman, il a été racheté par MTV Books puis il a un peu disparu des radars, il est quasiment introuvable aujourd’hui. Ça se passe à New York dans les années 80, c’est bien déglingué et assez mélancolique, tu le lis et tu me diras ce que tu en penses ? »
Je l’ai lu, j’ai dit ce que j’en pensais et je me suis organisé. Pourquoi ?
Parce que bien évidemment...
Le Matricule des Anges n°245
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Domaine étranger Loup solitaire Comment devient-on terroriste ? C’est à cette question que tente de répondre, en un court roman d’apprentissage, Ahmet Altan. Il y a deux ans, Ahmet Altan, dans son superbe Madame Hayat (voir Lmda n°226), nous entraînait dans les pas de Fazil. Dans la Turquie d’Erdoğan, le jeune homme, tiraillé entre deux femmes, Madame Hayat (la vie, en turc) et la jeune Sila, voyait peu à peu les libertés se restreindre, la violence se faire de jour en jour plus présente, rendant la vie peu vivable, condamnant peut-être à l’exil ceux qui ne voulaient pas se résigner. Ahmet Altan,...
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Poésie En guerre D’une vigueur extrême et contenue, Solmaz Sharif dessine avec la pointe du couteau sa condition d’exilée et son impossible issue. Après le très remarqué Mire paru en 2019, Douanes de la poète Solmaz Sharif continue d’explorer la question du déracinement et de l’exil. Née en Turquie en 1983 de parents iraniens puis naturalisée américaine, elle enseigne l’anglais à la très prestigieuse université de Berkeley. Un pur produit de l’intégration américaine, pourrait-on penser. Ce serait trop simpliste et il nous faudrait faire sans cette colère qui court de bout de bout de...
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Poches La grande manœuvre à lunettes La philosophe Simone Weil témoigne de l’usine : sa violence, ses douleurs et ses joies. Un « mystère », et un grand livre. En décembre 1934, la jeune agrégée de philo Simone Weil se fait embaucher dans une usine comme « manœuvre sur la machine ». Pour comprendre et partager les « souffrances des ouvriers ». Dans une lettre d’avril 1935 que cite dans sa préface Thomas Dommange, elle note : « Cette expérience, qui correspond par bien des côtés à ce que j’en attendais, en diffère quand même par un abîme : c’est la réalité, non plus l’imagination ». Elle...
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Théâtre L'invitation à la beauté De l’utérus au sacré, ou comment recréer une mythologie le temps d’un tutoriel beauté dans sa salle de bains, par Héloïse Desrivières. Déesses, je me maquille pour ne pas pleurer est une pièce déroutante, alternant trivialité, intimité féminine, et poésie pour une mise en tension onirique qui percute le lecteur. L’autrice cite, avant même le démarrage de la pièce, une poétesse renommée de langue sumérienne du XXIIIe avant J.-C., Enheduanna, grande prêtresse en Mésopotamie. Elle serait la première écrivaine de l’histoire dont on ait gardé trace. Sa poésie parle...
Intemporels
par Didier Garcia
En eaux troubles
Le Catalan Jaume Cabré (né en 1947) explore les ravages et les dessous de la dictature franquiste, dans un roman labyrinthique.
On a beau interroger Google Maps, beau passer les Pyrénées espagnoles au peigne fin, pas moyen de localiser Torena, l’insignifiant village catalan dans lequel se déroule l’essentiel du roman, mais représentatif à lui seul de la tragédie qui a frappé toute l’Espagne de la guerre civile (au moins 500 000 morts de 1936 à 1939) jusqu’au décès de Franco en 1975.
Après tout, peu importe où se niche Torena, à supposer d’ailleurs que la bourgade existe vraiment. Nous sommes quelque part en Catalogne, non loin de la Principauté d’Andorre, dans un village où « tout le monde avait le regard affûté...
Le Matricule des Anges n°134