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À tenon & mortaise
Lmda N°251 En vingt et une pièces du meilleur bois, l’assemblage élégant d’un auteur-charpentier. La page 15 du second livre de Francis Navarre, « charpentier lettré » formé chez les Compagnons, nous éclaire sur la raison du premier, De l’hexagone considéré comme un exotisme (Lmda N°223) : « À vingt-trois ans, j’étais trop vieux pour le Tour de France, (…) « plus assez souple » pour ce noviciat ». Accomplir sur le tard le rituel du périple, et réaliser le chef-d’œuvre non pas sur l’établi...
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Domaine étranger Au fin fond des bois Là où la terre se fond dans les eaux, écoutons la voix des Filles du chasseur d’ours s’élever, hurler, maudire, dans un roman sauvage. On y rencontre une forêt, l’ombre de l’ours, une chaumière abandonnée, sept filles à l’allure et au parfum d’ogresse, des trésors enterrés, une ville sous la neige, une narratrice comme une bonne fée. Et pourtant, Les Filles du chasseur d’ours n’a du conte que l’apparence, et tient les fées, bonnes ou mauvaises, très à distance. Ne serait-ce que par cette odeur qui se dégage de la troupe agitée des filles sauvageonnes et qui envahit chaque...
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Domaine français Mémorable filiation Un hommage musical et touchant, dans une langue d’une grande intensité poétique, au défunt grand-père, personnage haut en couleur. Une dernière visite pour inventaire dans ce qui fut la maison, désormais en vente, d’un grand-père disparu, Wilfrid, personnage aussi attachant qu’excentrique et vitupérant, bref un échalas « colérique à souhait », ce qu’en bon français on qualifie de « soupe au lait ». Voilà qui est l’occasion pour Érik Bullot, dans ce livre initialement publié en 1996 (Deyrolle éditeur), de faire de celui-ci, champion d’un « désordre savamment orchestré »...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Carole Fily*
Un zèbre dans la guerre de Vladimir Vertlib
Comment traduire en français un roman allemand écrit par un Russe ? C’est toujours la question que je me pose avant de commencer un texte de Vladimir Vertlib1 ; j’ai encore dans l’oreille ces mots que m’avait glissés l’éditrice en me confiant la traduction de son premier roman : « Vertlib écrit en allemand, mais c’est avant tout un conteur russe. Alors écrivez du russe. » Si L’Étrange Mémoire de Rosa Masur a souvent été qualifié de « roman russe », du fait, entre autres, que l’intrigue se déroule en Russie, cette dernière, bien que jamais nommée, est également très présente dans son...
Le Matricule des Anges n°250
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Domaine étranger Pavane pour un pays défunt En une fresque ambitieuse et savamment construite, Regina Scheer ressuscite, de la Seconde Guerre mondiale aux années 2000, la RDA et certains de ceux qui y vécurent, jusqu’à la fin. Peut-être vous est-il arrivé, à la lecture, par exemple, de Guerre et Paix ou des Frères Karamazov, de ressentir l’utilité de dresser une liste des personnages ou un arbre généalogique, pour vous y retrouver ? Regina Scheer, à la suite des 385 pages de ce roman, s’en charge pour nous : elle nous présente « Les protagonistes », soit la douzaine de personnages principaux qui s’y croisent (nous en rencontrerons d’autres, bien sûr, plus...
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Poésie Strange fruit Avec Sonnets américains pour mon ancien et futur assassin, Terrance Hayes signe un livre impressionnant sur les racines structurelles du racisme. Le seul livre traduit en français de Terrance Hayes (né en Caroline du Sud en 1971, auteur de presque quinze livres, dont certains lauréats des plus grands prix transatlantiques) est un événement double : par l’ampleur créatrice de sa langue et la densité de ce qu’il radiographie de la société américaine, foncièrement raciste (les cinq années d’investigation de Trump ne suffisant pas à localiser seulement sa violence), et par la restitution...
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Histoire littéraire Yourcenar, en toutes lettres Passionnant pour tous ceux qui s’intéressent au métier d’écrivain ou goûtent la cuisine de l’édition, ce nouveau tome de sa correspondance montre aussi comment l’auteure participe à la construction de son œuvre. Couvrant les années 1968-1970, ce cinquième volume de correspondance témoigne de la façon dont Marguerite Yourcenar contrôle l’interprétation et la publication de ses textes et balise le territoire de sa pensée. Les échanges de l’année 1968 s’organisent autour de la parution de L’Œuvre au noir, préparatifs et diffusion, tandis que ceux des deux années suivantes portent sur la réception du livre et les interactions qu’il a suscitées avec les...
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Théâtre Identité multiple Variations hongroises autour d’un prénom. C’est par lui que commencent les présentations et les ennuis. Tünde Deák, dramaturge et metteuse en scène, est d’origine hongroise. Née à Nanterre d’un père qui a fui Budapest en 1956, a parcouru le monde, a travaillé vingt ans en France, puis est retourné en Hongrie. Lorsqu’on lui demande son prénom, qu’elle se présente à un agent immobilier ou à un employeur potentiel, son curieux prénom interpelle. D’où vient-il ? De quel pays ? Que raconte-t-il ? Masculin ou féminin ? Comment le prononcer ? Et...
Intemporels
par Didier Garcia
L’odeur de la musique
Dans Corps et âme, l’Américain Franck Conroy (1936-2005) présente l’itinéraire d’un prodige du piano. Un roman à écouter autant qu’à lire.
Alors qu’il n’est encore qu’un enfant de 6 ans, Claude Rawlings est laissé seul toute la journée par une mère chauffeuse de taxi dans le New York de l’immédiat après-guerre (une mère qui était danseuse de music-hall quand elle s’est retrouvée enceinte de lui, sans bien savoir qui pouvait être son père). Pour tromper l’ennui et peupler le silence, le jeune garçon joue sur « un petit piano console blanc, avec soixante-six touches » qui traîne dans l’appartement, et dont le son lui semble « l’envelopper d’une sorte de grande cape protectrice, l’enclore dans une bulle d’énergie invisible »....
Le Matricule des Anges n°235