Un livre

Lubricus

de Marie Barthelemy

L’érotique Lubricus s’ébauche dans un café « littéraire » de la rive Gauche où un metteur en scène, le narrateur, rencontre une sémillante Algérienne. Sitôt les présentations faites, les jeunes gens pressés nous entraînent dans un périple aveugle à travers Paris, ses studios, ses coins branchés.Sans véritable fil conducteur, Lubricus n’est pas si « époustouflant » que le prétend l’éditeur. Il consiste en une succession d’épisodes sexuels et de festivités amicales où se développent de bons mots, une poignée de personnages originaux, de belles colères, du théâtre, les démons de l’Algérie et quelques portraits de femmes avides… et pour ne rien oublier, une érudition encombrante posée comme un bibelot, bien en vue.Marie Barthélemy plaque dès les premières pages une étude comparative des grands mystiques chrétiens (Augustin, Boehme, Jean de la Croix, Teilhard de Chardin). C’est un cheveu sur la soupe. On peut parier que le livre se serait intitulé Chair mystique si le décadent Marcel Batilliat n’avait usé la formule en 1897. Mais les rapports de l’âme et du sexe - sujet éminemment fin-de-siècle - débouchent ici sur un poudingue esthético-spirituel qui vise essentiellement à entretenir l’illusion que les deux personnages ont aussi une activité cérébrale. Entraînée sur les pentes savonneuses de leur innocente cuistrerie par ses deux gaillards en pleine possession de leurs moyens, Marie Barthélemy débouche sur la consternante question de la sexualité du christ et de saint Augustin.Lorsqu’elle écrit « tous ces auteurs dont tu te gargarises (…])ne te donneront jamais ta note à toi, ton souffle à toi », Marie Barthélemy pourrait reprendre le conseil à son compte. Car malgré son défaut de jeunesse, Lubricus a du souffle dans la galipette. Il exploite même d’admirables colères dont les plus belles auraient pu donner un ton et un ressort à l’ensemble. Il ne manque donc à ce livre qu’un objectif. Accrochés aux basques de Teilhard de Chardin, les amants qui copulent à la recherche du point Omega, celui qui réali

LubricusMarie Barthélemy
Arléa191 pages, 110 FF