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Domaine étranger Dissidence permanente

janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42 | par Thierry Cecille

Du camp de Terezin à la partition de la Tchécoslovaquie, le romancier et essayiste Ivan Klima observe, en témoin engagé, cinquante ans du destin européen.

À première vue, l’unité de cet ensemble d’une vingtaine de textes semble difficile à cerner : Ivan Klima revendique d’ailleurs cette variété « des sujets et des genres » -certains s’apparentent à des « chroniques » journalistiques (souvenons-nous de celles, vives et parfois surprenantes, de sa compatriote Milena Jesenska, une des correspondantes de Kafka), d’autres sont des conférences, sur des thèmes politiques ou littéraires. Chronologiquement, les plus anciens furent édités en samizdat durant les années 70, les plus récents datent d’après 1989 qui vit, dans ce qui était encore la Tchécoslovaquie, triompher la Révolution de velours -et Havel devenir président.
On peut donc conseiller d’en commencer la lecture par un très riche entretien dans lequel Klima répond aux questions malicieuses ou inquiètes, et toujours pénétrantes, d’un collègue romancier : Philip Roth. Klima analyse alors aussi bien l’influence de la censure sur la création littéraire, que la question de l’avenir de la littérature dans un monde -libre et libéral- où l’écrivain doit affronter le pouvoir de l’argent et celui de ce que Roth appelle le Grand Banalisateur : la télévision. Il essaie également de préciser la place respective qu’occupent Kundera et Havel -ou l’héritage de Kafka. Ce sont ces questions, ou des problématiques proches, qu’aborde Klima dans les autres textes de ce recueil : une conférence sur Kafka nous le présente comme celui qui « circonscrit et défend le plus intime de l’espace humain », quelques textes décrivent le totalitarisme communiste, expliquant de quelle manière la faillite morale, l’extinction de la conscience, ne pouvaient, à terme, que provoquer la mort du système tout entier. Un très bel essai de 1980 -Les Puissants et les faibles- démontre qu’à l’inverse la force de résistance qui animait Klima et les autres dissidents, faisait obstacle à un tel suicide collectif -Aragon osait dénoncer, dans sa préface à La Plaisanterie de Kundera, les prémices d’« un Biafra de l’esprit »- témoignant ainsi de ce que le philosophe Jan Patocka, au même moment, nommait « la solidarité des ébranlés ».
Les pages les plus surprenantes -et émouvantes- ouvrent ce volume : Klima y raconte Une enfance pas comme les autres. Ses parents, juifs, « rejetaient leur identité juive », mais cela ne les préserva en rien : Klima, à 11 ans, est déporté à Terezin ; il n’est plus que « L 54 » mais il y survivra durant plus de trois ans. Il décrit, sans pathos aucun, aussi bien la mort côtoyée que les « plaisirs minuscules » que l’enfance, même dans un camp de concentration, sait s’inventer, il voit peu à peu disparaître ses premiers amis, ses premières amours, mais apprend aussi que l’écriture, fût-elle celle d’une simple rédaction scolaire, lui ouvre l’espace infiniment libre de l’imaginaire. Même si « en elle-même l’expérience de l’extrême ne nous ouvre pas la voie de la sagesse », il écrira désormais pour « transcender la mort » -témoigner de cette puissance de résistance de l’acte créateur, contre tout ce qui tente de réduire l’homme à néant.

Esprit de Prague
Ivan Klima
Traduit de l’anglais
par Béatrice Dunner
Anatolia/Éditions du Rocher
233 pages, 20

Dissidence permanente Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°42 , janvier 2003.
LMDA PDF n°42
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