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Poésie Beck, chambres d’époque

janvier 2007 | Le Matricule des Anges n°79 | par Emmanuel Laugier

Monographie dialoguée, « Beck, l’impersonnage » propose trente-deux stations réflexives sur le métier d’écrire, sa complexité et ses engagements….

Beck, l’impersonnage : rencontre avec Gérard tessier

Cet épais volume écrit à deux mains offre, pour l’amateur de poésie, ou pour celui qui y découvrirait l’œuvre de Philippe Beck (treize livres publiés depuis Garde-manche hypocrite [Fourbis] en 1996 jusqu’aux Déductions [Al Dante, 2006), deux avantages : le premier est ce choix d’entrées variées, des plus parlantes aux plus abstraites : de Alsacien, par exemple à Temps faible, en passant par Idylle, Famille, Roman, etc. Le second d’être emmené densément (comme dans une danse de phrases nerveuses), si l’on n’a pas peur parfois de se perdre en chemin, dans les lacets complexes qui serrent le travail du poème, ou l’impersonnage qui y œuvre. Gardons, pour l’instant le mystère de ce dernier substantif. La question soulevée n’en restant pas moins, à travers ce parcours de vie, de travail intellectuel décrit et largement documenté (reproductions de dessins, de photos, de livres, de partitions, de revues, etc.), celle de l’invention d’un rythme neuf dans le langage du poème. Philippe Beck s’en explique à plusieurs reprises, selon les chants où ce rythme doit se penser : du lien entre sa poésie et l’essayiste qu’il est aussi, il écrit : « Quand l’essayiste est écrivain, les essais à propos d’écriture s’imposent par le souterrain de la poétique où il avance en freinant et en accélérant. La poétique enveloppée devance le désir de la tirer au clair. (…) Il y a surtout un étrange phénomène : un accord où l’accordée (la poésie) traverse l’accordant (l’essai) et l’entraîne ailleurs ou le sonde ». Leur lien devient la recherche d’un ton de pensée ouvert dans le poème lui-même. Il en va ainsi dans cet opus, le dialogue y inventant un phrasé, fait d’images digressives, dont les multiples néologismes (tous parlants malgré, parfois, leur complexité conceptuelle) aident au surgissement du sens, et à ses ramifications les plus inouïes. L’écriture reste à la fois très précise, démonstrative, en somme didactique, mais au sein même de tout le réseau infra-poétique qui le sous-tend. Cet art de la phrase qui se cherche, en un calcul où la syntaxe se réinvente, Beck la conduit à une élaboration qu’on voudrait comparer, par exemple, à l’audace inégalée des Divagations de Mallarmé.
Il faudrait aussi parler du rapport de Philipe Beck à la langue alsacienne, qu’on interdit à son père de lui apprendre, et de la façon dont son accent, rentré dans le poème comme poétique, peut « étrange(r) la langue française, en direct, la rappelle à l’enfoui vivant, crée un étrangement (…) », de ce qu’il entend par famille (« Family fait venir, en chaque cellule, des contemporains futurs. Elle serre des puissances, comme un poème fait »), enseignement, journal, faits, etc. et de l’impersonnage qui donne le titre à l’ouvrage : celui-ci est peut-être le moment où un phrasé inimitable est touché. « Car l’impersonnage, écrit Beck, est un élément scintillant dans un horizon impersonnel et singulier », un corps spécial qui cherche, à travers le feuilletage de la mémoire personnelle (c’est sa « chercherie »), « une résistance impersonnelle », c’est-à-dire le rythme qui tient l’homme en lui-même la tâche consistant à décrire les « rayons du dehors », face au gros temps, et à rechercher le lien entre l’inhumain intérieur et l’inhumain extérieur (Strindberg). Non pour en annuler (et la pensée avec) les recoupements, mais pour ouvrir « le canal de l’affrontement poétique ». Cela engage durement, sévèrement, antipathiquement ( vocabulaire que l’écrivain convoque fréquemment) à interroger « les intervalles d’inhumanité au sein du désir d’humanité », et à témoigner, comme dans « les étapes d’une révélation photographique », des « réseaux de forces discrètes » d’une l’époque. Ce que font fortement le poète et la poésie de Philippe Beck.

Emmanuel Laugier

Beck, l’impersonnage
Philippe Beck, rencontre avec Gérard Tessier
Éditions Argol, 252 pages, 25

Beck, chambres d’époque Par Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°79 , janvier 2007.
LMDA PDF n°79
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