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Domaine français Cartographie du fictif

juin 2019 | Le Matricule des Anges n°204 | par Eric Bonnargent

Olivier Hodasava explore la frontière ténue entre le réel et l’imaginaire en enquêtant sur une ville (américaine) de papier.

Une ville de papier

Sans doute n’avez-vous jamais entendu parler des villes de papier. Une ville de papier est à la cartographie ce qu’une fake news est à l’information : une fiction qui finit par contaminer la réalité. Les villes de papier sont nées avec l’essor de l’industrie automobile aux États-Unis dans les années 30. Alors que l’on s’endette pour acquérir une voiture et parcourir les grands espaces, que le réseau routier quadrille le continent, que les stations essence et les motels prolifèrent, les grandes compagnies pétrolières offrent des cartes routières afin d’encourager les automobilistes à rouler, rouler et rouler encore. En 1931, Otto G. Lindberg dont l’entreprise publie des cartes pour Esso ajoute sur celles-ci une ville fantôme, Agloe, un copyright trap, afin de se protéger de ses concurrents tentés par le plagiat. Une vingtaine d’années plus tard, un procès aura effectivement lieu, mais Lindberg le perdra : Agloe s’est mise à exister et ce ne sera qu’en 2014 qu’elle disparaîtra de nouveau de Google Maps. C’est à partir de cette anecdote qu’Olivier Hodasava construit son enquête fictive, une plongée dans l’histoire des États-Unis. Employé de Lindberg, Desmond Crothers se voit offrir par celui-ci en guise de cadeau de mariage avec Rosamelia la création d’une ville de papier : « Dans le même mouvement, balayant le territoire de la carte, son œil tombe sur Belfast et Mexico, deux bourgades du Maine distantes l’une de l’autre de 75 miles. Il réalise qu’il a trouvé : lui est de Belfast ou presque – ses parents ont émigré alors qu’il était dans le ventre de sa mère. (…) Rosamelia est née à Mexico City. Pour sceller leur union, il suffit de tracer un trait entre ces deux villes symboles de leurs origines. (…) Puis, en dessous, à la façon d’un tour de passe-passe qui devient soudainement évident : ROSAMOND, union des deux prénoms. »
À travers l’histoire de cette ville de papier, Hodasava raconte l’extraordinaire ordinaire de la famille Crothers sur trois générations. Il nous fait vivre l’unique et tragique élection de Miss Rosamond, un fait divers des années 50 qui inspirera dix ans plus tard un épisode de La Quatrième Dimension où se rencontreront deux débutants : Robert Redford et Elizabeth Montgomery et, au cours des décennies suivantes, fait de cette ville fantôme un centre magnétique qui attirera aussi bien Walt Disney que Jimmy Hendrix, Stephen King que John Mellencamp. Membre fondateur de l’OuCarPo, l’Ouvroir de Cartographie Potentielle, auteur d’Éclats d’Amérique qui racontait déjà un voyage virtuel à travers les États-Unis, Olivier Hodasava signe un roman captivant et nous plonge dans un univers où la fiction devient réalité : « - Et alors ? [Rosamond] est réelle ? – Vous savez, tout dépend de la définition que vous donnez du réel. Si être réel c’est exister dans l’esprit des gens alors oui, pour moi, elle est bien réelle. » Éric Bonnargent

Une ville de papier, d’Olivier Hodasava, Inculte, 128 pages, 15,90

Cartographie du fictif Par Eric Bonnargent
Le Matricule des Anges n°204 , juin 2019.
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