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Boltanski intime
Lmda N°250 Exercice d’admiration par François Jonquet, doublé d’une satire du microcosme commercial de l’art contemporain. Un grand écart salutaire. Sur la couverture, il est indiqué « roman ». Mais ce livre contient beaucoup de réel. Il est dédié à Annette Messager et Christian Boltanski, et on a tout de suite envie d’aller voir, dans les dernières pages, celles des remerciements, ce que François Jonquet y mentionne : tout ce qui concerne les deux artistes est vrai, validé, autorisé. Où sommes-nous, alors ? Dans cet entre-deux...
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Domaine étranger Des mythes à la lettre Dans un roman sombre, cruel, à l’humour acide, Kristian Novak dénude une enfance chaotique à l’aube de la balkanisation de la Yougoslavie. Qui n’a jamais souhaité la disparition de quelqu’un ? C’est même un comportement normal, œdipien quand il s’agit du père pour un garçon. De là à ce que Matija en assume la disparition et celle de tous les suicides étranges qui frappent le roman ? Pourquoi tant de fadaises débitées aux enfants ? Devrait-on leur dire la vérité ? Que la vie, si belle soit-elle, a bien une date de péremption et que la mort ne s’explique pas, reste un...
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Domaine français Faire parler le taiseux Plein d’inventions langagières, Donato est un hommage à un grand-père italien, paysan dans les Pouilles devenu mineur en Belgique. Une pépite. Quelle liberté, ces retrouvailles avec de vieux mots, cette virtuosité de langage ! C’est le premier roman d’Éléonore de Duve, et on se plonge avec un plaisir raffiné dans son écriture, à la fois sophistiquée et intelligente, sensible et terre à terre, au plus près de la matière, du travail, de la main, du concret. Nous sommes en Italie, dans le sud rural, en Basilicate. Le village « dessine une caracole pâle, bouffée, sertie sur une...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Magyd Cherfi
Chronique
Traduction
Traduction
Charles Bonnot *
Fuck Up, d’Arthur Nersesian
Tu aurais le temps pour une trad à rendre en février ? Je crois que le texte pourrait te plaire.
– Je devrais pouvoir m’organiser, c’est quoi ?
– Ça s’appelle The Fuck-Up, d’Arthur Nersesian. C’est sorti en 1991, c’était son premier roman, il a été racheté par MTV Books puis il a un peu disparu des radars, il est quasiment introuvable aujourd’hui. Ça se passe à New York dans les années 80, c’est bien déglingué et assez mélancolique, tu le lis et tu me diras ce que tu en penses ? »
Je l’ai lu, j’ai dit ce que j’en pensais et je me suis organisé. Pourquoi ?
Parce que bien évidemment...
Le Matricule des Anges n°245
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Domaine étranger Les mains et les choses Un monde de sensations et d’objets légèrement étranges à travers les yeux d’un enfant dont on ne sait pas s’il pense ou s’il rêve. La vue m’utilise pendant des heures pour regarder », peut-on lire et relire pour être bien sûr de comprendre dans un prologue très intrigant. Les 43 courts textes qui suivent (« La petite cuillère », « La fourchette », « L’appui de fenêtre », « La table »…) forment des petites vignettes écrites à la hauteur d’un enfant qui entretient une drôle de relation aux êtres et aux choses. Les destinations ne sont pas toujours là où on les attend,...
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Poésie Désenvenimer l'inacceptable À travers sursauts et scissures, dissonances et tâtonnements inquiets, la poésie d’André Frénaud (1907-1993) met en scène l’expérience ontologique. Une anthologie de ses poèmes longs nous donne l’occasion de la(re)découvrir. Moins répandue que celle d’un René Char ou d’un Henri Michaux, la poésie d’André Frénaud, né à Montceau-les-Mines, en 1907, ne se livre pas d’emblée. Pudique et rigoureusement syntaxée, elle est celle d’un grand mâcheur de mots qui fait entendre une vérité d’existence sous la vérité d’écriture. Entré tard en poésie, à 34 ans, retour de captivité, avec Les Rois mages, André Frénaud a une vision tragique de l’homme. Isolé au cœur de...
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Histoire littéraire Métaphysique de l'Asparagugusse Trente-sept nouvelles de l’écrivain Italien Achille Campanile (1900-1977), pour se gondoler comme à Venise… tant qu’il est temps. Sollers est mort, Venise pleure et ajoute à la flotte où elle se noiera, l’ultima acqua que déjà l’on nous rationne. L’époque est sèche et réchauffée, autant dire indigeste. Nous avons soif de nouveauté, de fraîcheur et de rires. Las, en France les Alphonse Allais, Christophe (pas celui des Mots bleus mais du Savant Cosinus), Pierre Dac et son sublime et trop méconnu cogito (« Je pense à ma sœur, donc je suis son frère »), sont délaissés....
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Théâtre L'invitation à la beauté De l’utérus au sacré, ou comment recréer une mythologie le temps d’un tutoriel beauté dans sa salle de bains, par Héloïse Desrivières. Déesses, je me maquille pour ne pas pleurer est une pièce déroutante, alternant trivialité, intimité féminine, et poésie pour une mise en tension onirique qui percute le lecteur. L’autrice cite, avant même le démarrage de la pièce, une poétesse renommée de langue sumérienne du XXIIIe avant J.-C., Enheduanna, grande prêtresse en Mésopotamie. Elle serait la première écrivaine de l’histoire dont on ait gardé trace. Sa poésie parle...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
Un pauvre magicien
Proche de Supervielle, Felisberto Hernández était un oniriste mélancolique. Au cours de sa vie bancale, il avait pris l’habitude de fuir où personne ne pouvait le suivre.
L’Uruguay est un pays plein de ressources, même si l’on en parle peu durant nos dîners. Nous lui sommes redevables d’auteurs aussi importants que Juan Carlos Onetti (1909-1994), Horacio Quiroga (1878-1937), Mario Benedetti (1920-2009) ou l’inestimable Mario Levrero (1940-2004), ça n’est pas rien. N’omettons pas Jules Supervielle, Jules Laforgue ou Lautréamont qui ont toujours été admis avec ferveur. Pour Felisberto Hernández, les choses ne se passèrent pas aussi bien. Né à Montevideo le 20 octobre 1902, il commença par être un musicien sans succès avant de devenir un écrivain dont...
Le Matricule des Anges n°175