auteur Jean-Patrick Manchette
A propos
Chasseur français
Armé de divertissements profonds et entêtants, Manchette prenait en ligne de mire une société misérable. Aujourd’hui que le volume des publications posthumes ne cesse de croître, la piste du romancier semble plus fraîche que jamais.
Et parfois il arrive ceci : c’est l’hiver et il fait nuit ; arrivant directement de l’Arctique, un vent glacé s’est engouffré dans la mer d’Irlande, a balayé Liverpool, filé à travers la plaine du Cheshire où les chats couchent les oreilles en l’entendant hurler et passer ; ce vent glacé a traversé l’Angleterre et franchi le Pas-de-Calais, il a survolé des plaines grises et vient frapper directement les vitres du petit logement de Martin Terrier, mais ces vitres ne vibrent pas et ce vent est sans force. Ces nuits-là, Martin Terrier dort en silence. Dans son sommeil il vient de prendre la...
Le style et la morale
Maintenant que son nom refait bruyamment surface, qu’allons-nous faire de Manchette ?.
Soyez tranquille, nous aurons à cœur de mécontenter tout le monde » - ainsi se conclut, en 1980, l’une des chroniques intitulées Les Yeux de la momie. De nos jours cependant, on maîtrise au mieux l’art d’enterrer les haches de guerre : sous la couverture printanière du Journal, tout le monde semble content, notamment les quotidiens qui louent les talents du romancier comme sa clairvoyance...
Ouvrages chroniqués
Romans noirs
de
Jean-Patrick Manchette
2005
Assortis des extraits inédits d’un journal, les Romans noirs de Jean-Patrick Manchette sont regroupés dans un épais volume. Double bénéfice : couronner une œuvre essentielle, revoir certaines idées reçues.
Une malédiction pèse sur Manchette. Quand on le loue, c’est aussitôt pour lui attribuer des rejetons difformes. Certains voient en lui le père du néopolar à la française, nébuleuse d’intrigues humanistico-libertaires portées à bout de plume moderniste ; d’autres, plus étourdis encore, associent son nom à la fine fleur des écrivains réactionnaires en ec. Comment s’y retrouver ? Déjà, en 1970, dans son journal, notre homme s’amusait d’un premier malentendu, notant qu’un de ses manuscrits avait été lu de travers : on s’attendait « à voir apparaître un auteur parachutiste et paranoïaque »… Le...
Chroniques
de
Jean-Patrick Manchette
2003
Rivages réédite les Chroniques où Manchette disséquait le genre policier. Tant de sagacité, de drôlerie et de vertu rend nostalgique.
En panne de roman, Manchette disserte pour la presse, de la fin des années 70 jusqu’à sa mort en 1995, principalement chez Charlie Mensuel puis de loin en loin dans la revue Polar. Il s’agissait apparemment de faire la critique des romans policiers qui étaient alors publiés ou réédités. Mais cette tâche innocente rendre compte du marché, l’apprenti journaliste va vite s’en affranchir, au profit d’ambitions plus didactiques et polémiques. « Veuillez croire que j’ai aimé autant qu’un autre la légèreté du polar. Quand je laisse voir ma culture, et que je prends des manières de pion, j’y suis...
Cache ta joie !
de
Jean-Patrick Manchette
Manchette posthume, suite et fin : les éditions Rivages publient ses derniers inédits. Souvent dispensables, parfois jubilatoires.
En réunissant des articles consacrés au polar (Chroniques) ou au cinéma (Les Yeux de la momie), François Guérif avait su faire découvrir un critique impeccable, doué pour les constructions théoriques comme pour les assertions péremptoires, composé détonant d’érudition et de drôlerie. La publication de Cache ta joie ! s’impose avec bien moins d’évidence. Voilà huit textes de fiction, souvent inédits et pour le moins disparates -du « noir », bien sûr, mais aussi de l’anticipation, un « récit pour la jeunesse », un synopsis, une pièce de théâtre… On hésite entre fonds de tiroir et fonds de...