auteur Joël Baqué
A propos
Les athlètes de la foi
Le nouveau et étrange roman de Joël Baqué nous convie à vivre démunis dans le désert Syrien au Ve siècle, à l’ombre de Syméon le stylite et de son biographe Théodoret de Cyr. Deux adeptes de l’austérité si radicale qu’elle nie l’humanité.
On est loin du village de Montblanc (Hérault) où se déroulait La Mer c’est pas grand-chose (P.O.L, 2016), loin aussi des manchots empereurs de La Fonte des glaces (P.O.L, 2017). L’Arbre d’obéissance qui paraît cette année, se situe pour l’essentiel dans un désert écrasé de chaleur, abandonné de Dieu si Dieu a jamais existé. Quelques villages de misérables éleveurs sont disséminés à ses abords, quelques ruines témoignent de l’aridité des lieux que ponctue un monastère où « accueillir » ne se décline à aucun temps. C’est là que veut se rendre l’adolescent Théodoret, au grand dam de son père...
Quand l’écriture fait mouche
Née du plaisir du texte et portée par le génie de la langue, l’œuvre de Joël Baqué dépayse en même temps qu’elle laisse deviner des passerelles souterraines qui relient les livres entre eux. Pour notre bonheur.
Imaginons un instant que plusieurs mondes, plusieurs univers coexistent à celui dans lequel nous évoluons. Mettons qu’il y a le monde réel (si réel a un sens) qui serait celui dans lequel nous vivons (si vivre a ce sens-là). En parallèle il y aurait les univers créés par l’imaginaire, mondes ludiques, cinématographiques, oniriques, littéraires. Mondes où l’on s’évade parfois pour ouvrir un...
Bibliographie
• Angle plat, éditions Hors Jeu, 2002
• Un rang d’écart, L’Arbre à paroles, 2003
• Start-up, Le Quartanier, 2007
• Aire du mouton, P.O.L, 2011
• Pré ou carré, Éric Pesty Éditeur, 2015
• La Salle, P.O.L, 2015
• La Mer c’est rien du tout, P.O.L, 2016
• La Fonte des glaces, P.O.L, 2017
Pages
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Ouvrage chroniqué
Aire du mouton
de
Joël Baqué
2011
Sur fond de roman-photo décalé et de réjouissante absurdité, Joël Baqué livre une version désabusée de la lutte des classes.
Un premier roman qui commence comme un mauvais film : « un homme, une femme, un bord de mer, n’importe laquelle aurait fait l’affaire ». Se laisserait-on aller à fredonner un chabada réminiscent que Joël Baqué coupe court à toute effusion : ses « personnages », désincarnés et sans nom, demeureront des silhouettes vagues se détachant sur le fond d’un ciel « d’un bleu de saison », sans autre précision. Pour se prémunir de la mélasse sentimentale et de toute tentation romanesque, rien de tel que de réduire le monde, comme le texte, à sa version géométrique (la trajectoire de l’homme qui...