éditions Lunatique
A propos
Nouveaux visages
Soucieuses de fictions (romans, nouvelles) marquées par « l’intranquillité », les éditions Lunatique sont une excellente adresse pour les jeunes écrivains. Une singulière aventure.
Derrière ce masque Pende qui fait office de logo et dont le sorcier se revêt, selon la tradition, pour aspirer la folie du malade, se cache Pascale Goze. « C’est une belle image du métier d’éditeur. Je ne suis pas lunatique, moi, mais les auteurs le sont. Je suis à leur service. » Pas lunatique ? Juste l’éditrice concède-t-elle un petit côté « sauvage et rock’n’roll ».
Née en 1967 à Harfleur, en Normandie, cette diplômée en lexicologie aime les chemins plutôt détournés. « J’ai la bougeotte, et je ne suis jamais aussi bien qu’en dehors des sentiers battus ». Adepte de...
Ouvrages chroniqués
C’était ton vœu
de
Céline Didier
2022
Sur cette grande place / Vous êtes tous / nus / On vous a tous défroqués/ (…) / Vous êtes désormais réduits à votre matricule / (…) / à même la peau ». Il y a dans ces vers la quintessence de l’ouvrage de Céline Didier : « raconter » l’horreur de l’arrivée de son grand-père Hippolyte dans le camp de concentration de Dachau, la simplicité du récit qui oscille entre le respect d’un pan d’une vie jamais transmis oralement mais dont elle veut être le passeur de mémoire, et l’exigence d’une architecture poétique et stylistique au cordeau. Elle suit sans faillir la trajectoire de ce personnage,...
Captive
de
Elsa Dauphin
2021
Elle n’a rien d’attirant, Léa Détrié. Elle ne parle pas, transporte partout une mine sombre, une humeur de chien. Elle ne supporte rien ni personne. En prison, elle fait tout pour éviter ses codétenues. Elle y arrive, en levant la tête, et en regardant le ciel. Mais comment cette femme seule et si discrète, qui travaillait à la plonge dans un restaurant de province a-t-elle pu se retrouver en cellule ? Elle a crié son innocence, mais tout l’accusait. Elle est la dernière à avoir vu vivant le patron Thierry Racoule, retrouvé le crâne fracassé par une batte de base-ball. Lors d’un...
Je suis une usine
de
Yves Le Manach
2016
Écrites il y a plus de quarante ans mais oubliées dans un tiroir par leur auteur, ces « histoires d’usine » trouvent finalement leur place dans une collection baptisée « Parler debout », qui se veut « édifiante », selon le terme de l’éditeur. Édifiants, ces textes largement autobiographiques le sont. Né en 1942, longtemps ouvrier ajusteur dans l’aéronautique puis ailleurs, Yves Le Manach parle en effet en connaissance de cause. D’expérience il sait, pour l’avoir ressenti au plus profond de sa chair, que le travail en usine est toxique. À force de répétitivité sous l’œil du chronomètre et...
Ma déconversion au judaïsme
de
Benjamin Taïeb
2017
Ne pas toucher un interrupteur le samedi, trier les viandes selon que les animaux ont les pieds fourchus ou fendus, savoir quelle bénédiction faire si l’on voit une montagne, si l’on mange une prune… Pour qui n’est pas versé dans les pratiques religieuses, Ma (dé)conversion au judaïsme de Benjamin Taïeb a tout d’un récit de science-fiction. C’est que la religion lui « tombe dessus », alors qu’il n’est qu’un enfant. S’il porte un nom juif par son père, sa mère ne l’est pas, ce qui l’empêche de faire partie du « peuple élu ». Le narrateur suppose donc que « pour mettre fin à cette...
Mon ami Junger
de
toma e
2020
Son ami Junger est bien pratique. Il a toutes les utilités, à commencer par celle de sparring-partner de la centaine d’histoires qui composent ce tordant petit recueil du multicarte toma e, à la fois musicien, graphiste et écrivain. Payant de sa personne, il n’hésite d’ailleurs pas à se mettre en situation, de la plus ordinaire (« Nous prenons un café dans un café avec mon ami Junger ») à la plus incongrue (« Mon ami Junger s’est fait cloner »), pour en extraire un même jus d’absurdité servi sans délayer en quelques lignes, rarement plus de deux pages. Nouveaux Laurel et Hardy, Je et...
Protection rapprochée
de
Fabien Maréchal
2017
Une situation de départ insolite : pour y installer une antenne de la police, l’Intérieur réquisitionne la cave d’un pavillon habité par un couple. Commence alors un engrenage que Fabien Maréchal huile à merveille. L’auteur, 45 ans et « pitre sur les bords », a l’esprit farceur. Ou plutôt c’est un esprit frappeur qui interpelle le lecteur sur la dérive du tout-sécuritaire. Le couple qu’il met en scène évolue dans une sorte de huis clos où l’étonnement le dispute à l’étouffement. Sous l’œil de Big Brother, l’enchaînement de saynètes désopilantes donne dans le burlesque chaplinien, servi...