éditions Spectres familiers
Ouvrages chroniqués
Désaccordé parmi les ombres
de
Nicolas Cendo
Nicolas Cendo est un homme discret, et un auteur rare. Les contrées qu’il fréquente sont très éloignées des lumières coupantes et crues du battage médiatique : ses paysages se meuvent plutôt dans une pénombre discrète, comme l’indiquent les titres de ses précédents ouvrages1 -ainsi que le dernier, Désaccordé parmi les ombres2, où il nous offre en quarante-neuf petites proses un monde oxymorique d’ombres lumineuses et d’immobilités tremblées. L’écriture de ce court recueil est à la fois nette et retenue, chuchotée, comme pénétrée d’une tension qui prévient de tout débordement. Son...
L' Éparpillement des sites
de
Jean-Marc Baillieu
Comment peut-on être l’auteur de ses livres ? Jean-Marc Baillieu pose l’acte critique au départ de sa création poétique. L’Éparpillement des sites : un livre que vous pourriez peut-être écrire.
À sa manière, Jean-Marc Baillieu s’inscrit dans un rapport à la littérature qui n’en évite pas la critique et laisse sa part à l’abstraction, c’est-à-dire à la pensée, c’est-à-dire aussi au blanc de la page, au silence et à la conscience de la vanité du fait d’écrire, à son ineptie dès lors qu’on y regarde d’un peu près. Les livres qu’il avait pu donner jusqu’alors n’entraient pas dans un format traditionnel : collaboration à des revues, édition de très minces plaquettes parfois juste photocopiées, éparses et rares « interventions ».
Dans l’une d’elles, Uruguay (le lecteur complète)1,...
Pulps
de
Jacques Sivan
2002
Pour la lecture de la poésie de Jacques Sivan, les lunettes de soleil sont recommandées, et pas mal de patience. Les images y sont subliminales.
Des expérimentations poétiques actuelles, celle menée par Jacques Sivan est sans doute une des moins lisibles. Littéralement, le regard porté sur ses poèmes est comme blessé, face à un brouillage soudain, brouillard d’une trop forte luminosité (d’où peut-être une première piste de lecture possible : il ne s’agirait pas tant de chercher à lire ici que d’essayer de voir, de regarder le texte en ses effets d’opacité et de luminescence…). Le principe de compression y est poussé au point que ce ne sont plus des phrases ni des mots que nous lisons, mais, au gré d’une écriture phonétique...