La rédaction Christine Plantec
Articles
À cheval échappé
Au bout de la langue est une cavalcade joyeuse et érudite au pays de la langue, « un parquet flottant sur lequel s’embarquer à plusieurs ».
Traducteur, essayiste et poète, Martin Rueff explore dans cet opus la question de la langue et soutient la gageure d’aller jusqu’ « au bout de » celle-ci moins pour en venir à bout que pour se donner l’occasion de déambuler dans l’immense étendue de la question, à la manière d’un Montaigne, d’un domaine à l’autre du savoir et dans une sorte de savoureuse indiscipline. D’emblée, Rueff nous plonge dans la particularité sémantique du mot langue en précisant que la polysémie du terme ne doit pas occulter une autre spécificité qui est que le rapport entre les différentes acceptions du mot est...
Usages des livres, usages du monde
Marielle Macé analyse l’expérience de la lecture comme forme de vie, non pas en son cœur mais dans son cours, prise dans les mailles de ses forces vives.
Actuellement résidente à la Villa Médicis, Marielle Macé y réalise « un projet d’enquête et d’écriture, intitulé La vie poreuse, consistant à prendre autour de Rome le pouls du fleuve et des vies qui s’y frottent » (site de l’Académie de France à Rome). Une autre manière de faire l’expérience de ce qui se passe lorsque deux milieux hétérogènes (l’un naturel, l’autre littéraire) font jonction...
Conjurer la peur
Ou comment un roman parvient à approcher l’une des figures les plus fascinantes du XXe siècle, l’historien de l’art Aby Warburg.
Il arrive qu’en dépit de la distance qui les sépare, deux corps soient ramenés sur un même plan d’existence. » Marie de Quatrebarbes remarque que, chaque soir, vers la fin de sa vie, Aby Warburg s’endort face à un portrait de Nietzsche qu’il a acquis. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés mais l’un et l’autre ont fait l’épreuve de la folie et n’ont cessé, malgré l’effondrement...
Écriture traversée
En marche vers une Zone à défendre, dans le ralentissement du corps, Virginie Gautier revendique une forme d’attention qui infuse bien au-delà du texte.
Vers les terres vagues est le récit d’un voyage vers Notre-Dame-des-Landes, celui d’une expérience subjective vers un lieu déjà écrit par tant d’autres mais non encore approché de cette manière-là, à savoir dans une temporalité qui embrasse l’avant du voyage et son fantasme solitaire, le trajet pour y parvenir et sa cohorte de rencontres, l’arrivée sur la ZAD et l’épreuve du réel. ...
Ce besoin de concrétude
Le pari de Christine Lapostolle : regarder par la fenêtre, tendre l’oreille vers le dehors et écrire, sur une année, la vie dans ses fluctuations arbitraires.
Des lumières éparses clignotent dans le port/ personne n’a organisé cet éclairage/ selon des critères de beauté/ personne n’a cherché à en faire un spectacle ». C’est exactement ce à quoi la romancière Christine Lapostolle s’emploie dans son dernier opus : noter ce qui apparaît depuis sa fenêtre donnant sur la rade de Brest. Le monde extérieur tel qu’en lui-même, sans personne pour le mettre...