La rédaction Martine Laval
Articles
L'amour sur des rails
Dans le Paris trépignant des années 1950, Paul Guimard imagine une histoire de cœur impossible. Ou comment piéger la fatalité. Réédition de Rue du Havre.
Il se nomme Julien Legris, pas Lenoir ou Leblanc, non, il est tout entier de ce gris passe-partout, couleur passe-muraille. Il est arrivé au « désert glacé de la soixantaine » sans fredaine, sans le moindre petit drame, un peu comme le monsieur William de Jean-Roger Caussimon1. Julien Legris a fait la Grande Guerre « sans autre action d’éclat que celle de survivre. » Pas une égratignure. Signe de courage, de lâcheté ou… de grisaille ? La Marne, le Chemin des Dames, Verdun… des noms qui dans les années 1950 disent encore quelque chose mais qui se feront vite doubler par une frénésie de...
Pars et ne te retourne pas
Dans un récit aussi tonique que poignant, Kossi Efoui raconte sa mère, son pays, l’amour de la poésie… et de la vie.
Sa mère a des senteurs de fleur d’acacia et de feuille de laurier. Son pays, lui, « traîne dans son sillage un parfum de terreur ». Son pays ? Le Togo. Un petit rectangle tracé par les pouvoirs et les caprices de l’Histoire au creux du golfe de Guinée. Cette terre ne veut pas de lui, l’opposant au Père Fouettard (joli surnom pour un dictateur) « car au Togo ce n’est pas la réalité qui fâche....
Hautes enfances
Dans un récit soyeux et ondoyant, Michèle Lesbre célèbre des moments enfuis, voyages et livres, comme pour mieux réinventer la vie.
Dans ses « nuits inquiètes », Michèle Lesbre laisse venir à elle des images, des instants du passé qui resurgissent presque intacts. Ses souvenirs prennent vie comme ces parties de pêche près d’un petit étang avec son grand-père Léon, « chacun sa canne, chacun ses rêves ». Et puis le silence, la nature, toute cette enfance qui revient comme un boomerang et qui pourrait ressembler de près ou...
Vitamines du bonheur
Amandine Dhée, plus tonique que jamais, poursuit son introspection de femme, de mère. ses inquiétudes deviennent les nôtres. À la vie, à la mort !
Elle fait la bravache, tient tête. Non mais pourrait être sa réplique préférée. Elle ne va pas se laisser faire, pas se laisser envahir par la trouille, les peurs, les angoisses, la maladie à l’affût, la mort qui rôde, et quoi encore. Alors, elle se raconte Amandine Dhée, va vite, explose, carambole avec la syntaxe, s’amuse et râle, se donne fragile et attendrissante. Elle manie l’oralité à...
Gentleman Writer
En quelques nouvelles ancrées sur sa terre natale des Appalaches, l’écrivain Ron Rash réinvente la nature humaine. Bouleversant.
Sycomores, bouleaux, noyers, tous sont à terre. C’est le soir, les hommes ont posé les haches. Les bûcherons sont affamés, éreintés. De la montagne désormais chauve, plus aucun bruit ne parvient sinon le gémissement des blessés, mains tailladées, pieds estropiés, morsures de crotales. Certains s’en sortiront plus ou moins capables de rempiler le lendemain, les autres grossiront le cimetière...