La rédaction Thierry Cecille
Articles
Paix et guerres
Un adolescent sensible dans la Yougoslavie de Tito : une éducation sentimentale et politique par le Slovène Drago Jančar.
Une fois n’est pas coutume, et sans pour autant rien divulguer d’essentiel, commençons par la fin, le dernier paragraphe : « Quand il prononce ces mots, quand je l’entends murmurer ces mots, il a moins peur, quand j’écris ces mots, j’ai un peu moins peur. Car c’est écrit, c’est le texte, c’est le verbe. Car rien d’autre n’est possible, il n’y a rien hors du verbe, rien sans lui. Danijel sait que c’est ainsi au début comme à la fin, ça ne peut être autrement puisque le verbe était au commencement du monde ». Précisons : le « je » qui parle ici, pour la première fois, est sans doute celui...
À chacun sa mort
Se donner la mort, porter la main sur soi… d’autres périphrases encore tentent de dire la multiplicité des causes et des formes que, sous son apparente ressemblance, peut prendre le suicide. D’aucuns, alors, espérant ainsi être, au moins dans une certaine mesure, compris, accompagnent ce geste ultime d’ultimes mots. Vincent Platini fait de la lettre de suicide (qu’il va jusqu’à abréger...
Un livre
Vivre avec une étoile
de
Jiri Weil
L’autre Procès
Entre burlesque et tragique, en une sorte de farce macabre, le Joseph R. de Jiri Weil est confronté à la menace de l’extermination – et résiste.
Vous avez un ticket de sucre ? m’a demandé le fonctionnaire. Vous devez avoir votre ticket de sucre sinon on ne vous donnera pas votre étoile./ Je n’y tenais pas trop à cette étoile. Elle était jaune, avec une inscription en langue étrangère, en caractères noirs et pointus, ce n’était pas une bonne affaire de l’échanger contre un ticket de sucre. J’avais besoin de sucre pour améliorer le faux...
Prélude à son absence
Ne faut-il pas une bonne dose de courage, ou d’inconscience, pour oser, dans un premier roman, prendre le risque de raconter, une fois encore, les affres d’un désir homosexuel à la fois désespéré et irrépressible ? Si l’on ajoute à cela que ce texte se rapproche fort de l’autofiction – le narrateur est bibliothécaire, écrivain et vit à Lyon, comme l’auteur – et que dès l’exergue l’ombre noire...
Camus, mythes et limites
D’aucuns auraient fait de l’auteur de L’Étranger une intouchable icône pour éviter d’affronter des questions dérangeantes – Olivier Gloag s’y confronte.
Le titre peut intriguer. Olivier Gloag, universitaire enseignant en Caroline du Nord, l’explique à la toute fin de cet ouvrage concis et enlevé : « Oublier Camus tel qu’on nous le présente, c’est (…) permettre de jeter un regard plus lucide sur les faux-semblants d’une certaine gauche qui masque insidieusement son racisme et son impérialisme avec une fausse universalité, qui masque aussi la...