-
Le stylo et son double
Lmda N°251 Un livre étonnant explore les labyrinthes où s’égarent ceux qui s’emparent d’un crayon pour écrire.
-
Domaine étranger Loup solitaire Comment devient-on terroriste ? C’est à cette question que tente de répondre, en un court roman d’apprentissage, Ahmet Altan. Il y a deux ans, Ahmet Altan, dans son superbe Madame Hayat (voir Lmda n°226), nous entraînait dans les pas de Fazil. Dans la Turquie d’Erdoğan, le jeune homme, tiraillé entre deux femmes, Madame Hayat (la vie, en turc) et la jeune Sila, voyait peu à peu les libertés se restreindre, la violence se faire de jour en jour plus présente, rendant la vie peu vivable, condamnant peut-être à l’exil ceux qui ne voulaient pas se résigner. Ahmet Altan,...
-
Domaine français Un poids sur les épaules Avec son jeune narrateur dans la tourmente d’un week-end, Vincent Almendros signe un roman d’apprentissage tiré au cordeau. J’avais accepté d’attendre dans la voiture pour ne pas faire d’histoire » : c’est Quentin qui parle, un collégien qui, pour avoir roué de coups un camarade, fait l’objet d’une « mesure conservatoire » d’interdiction d’accès à son établissement. Comme Vincent Almendros est prof de français dans le civil, il connaît la procédure que son narrateur, qui doit être en troisième puisqu’il a 14 ans, explique à sa cousine Chloé. Une sixième, élève...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Antonio Werli
Horcynus Orca*, de Stefano D’Arrigo
Imagine quelque chose d’aussi vaste et profond qu’un océan et aussi haut et large qu’une montagne. Et imagine encore que la seule chose excitante que tu ressens lorsque tu te retrouves devant cette énormité, c’est que tu veuilles la traverser.
J’ai découvert le nom d’Horcynus Orca il y a une quinzaine d’années par un simple commentaire d’un internaute italien sur un site dont je ne me souviens plus le nom, à une époque où je m’intéressais particulièrement à la littérature italienne contemporaine. Je n’avais jamais entendu parler de ce roman ni de l’auteur, toutefois D’Arrigo était cité...
Le Matricule des Anges n°246
-
Domaine étranger La défense Nabokov La réception de Lolita, vue par sa femme Véra. Si l’expression « l’arbre qui cache la forêt » a bien un sens, nul doute qu’elle s’applique à Vladimir Nabokov (1899-1977). Entre scandale, censure à l’encontre d’un volume confidentiel d’abord publié en anglais à Paris en 1955, chez un éditeur plus que suspect de pornographie sous le manteau – Maurice Girodias – puis devenu best-seller stratosphérique, tout conspire à faire de Lolita le roman emblématique de son auteur, auquel un Cahier de...
-
Poésie Désenvenimer l'inacceptable À travers sursauts et scissures, dissonances et tâtonnements inquiets, la poésie d’André Frénaud (1907-1993) met en scène l’expérience ontologique. Une anthologie de ses poèmes longs nous donne l’occasion de la(re)découvrir. Moins répandue que celle d’un René Char ou d’un Henri Michaux, la poésie d’André Frénaud, né à Montceau-les-Mines, en 1907, ne se livre pas d’emblée. Pudique et rigoureusement syntaxée, elle est celle d’un grand mâcheur de mots qui fait entendre une vérité d’existence sous la vérité d’écriture. Entré tard en poésie, à 34 ans, retour de captivité, avec Les Rois mages, André Frénaud a une vision tragique de l’homme. Isolé au cœur de...
-
Poches La grande manœuvre à lunettes La philosophe Simone Weil témoigne de l’usine : sa violence, ses douleurs et ses joies. Un « mystère », et un grand livre. En décembre 1934, la jeune agrégée de philo Simone Weil se fait embaucher dans une usine comme « manœuvre sur la machine ». Pour comprendre et partager les « souffrances des ouvriers ». Dans une lettre d’avril 1935 que cite dans sa préface Thomas Dommange, elle note : « Cette expérience, qui correspond par bien des côtés à ce que j’en attendais, en diffère quand même par un abîme : c’est la réalité, non plus l’imagination ». Elle...
-
Théâtre Un opéra tout neuf L’œuvre culte de Bertolt Brecht, nouvellement traduite, bénéficie d’un remarquable travail éditorial. L’Arche, la maison d’édition qui veille historiquement sur les œuvres de Bertolt Brecht, poursuit avec constance et intelligence son travail autour des textes du grand dramaturge allemand. Après avoir publié en romans graphiques Histoires de monsieur Keuner et La Résistible Ascension d’Arturo Ui, elle entreprend cette fois de nous faire redécouvrir son œuvre la plus célèbre, L’opéra de quat’sous à travers une très belle édition critique. En...
Intemporels
par Didier Garcia
Navel, pelle et mirabelle
Parcours autobiographique d’un travailleur pas comme les autres, amoureux du travail de ses mains. Curriculum vitæ détaillé.
Voici des pages qui sentent bon l’honnêteté. L’humilité. Accessoirement la poésie, mais alors une poésie involontaire, comme contenue dans les choses elles-mêmes. Autant de raisons qui d’emblée vous font prendre Georges Navel (1904-1993) en sympathie. Dans Travaux, son premier livre, publié au lendemain de la Seconde Guerre, Navel ne fait pas l’écrivain. S’il écrit, c’est simplement qu’il a quelque chose à dire, et peu lui chaut qu’il s’agisse de littérature. Son souci, c’est de chanter le travail de la pelle, dire le sifflement de la faux passant dans les herbes d’un pré sous un soleil...
Le Matricule des Anges n°242