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Cours, camarade…
Lmda N°251 L’agit-prop, des luttes, l’arnaque aux banques, la clandestinité : Allèssi Dell’Umbria retrace l’épopée urbaine d’Os Cangaceiros.
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Domaine étranger Humeurs humides Un port au bord de la jungle, une sale guerre qui n’en finit pas, une jeune femme en perdition : l’écrivain colombien Antonio Ungar raconte avec talent un monde peu décrit. Elle avait une force qu’Ochoa n’avait jamais vue chez une femme instruite de la ville, et pourtant elle semblait s’en remettre corps et âme à un destin sans échappatoire, assumer à elle seule le poids d’un héroïsme qu’il avait trouvé extrêmement touchant, absolument prête à mourir de tristesse pour un passé mort et à disparaître sans laisser de traces dans l’un des coins les plus reculés de cette jungle humide et sombre. » Ochoa, surnommé El...
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Domaine français L'amour vache Dans un premier roman enlevé, à la fois cruel et émouvant, Magyd Cherfi raconte une métamorphose singulière, celle d’une mère. Dans notre imaginaire, parmi d’autres clichés, trône l’image de la mère méditerranéenne, juive ou arabe, une Marthe Villalonga envahissante mais farouchement aimante, dévouée à sa famille nombreuse, génitrice fière de sa portée, aussi savante en larmes pathétiques qu’en youyous triomphants. Celle qu’ici nous allons rencontrer s’écarte, dès l’abord, de ce modèle. Taos est une veuve recluse dans sa solitude et ses douleurs : ses deux filles et...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Charles Bonnot *
Fuck Up, d’Arthur Nersesian
Tu aurais le temps pour une trad à rendre en février ? Je crois que le texte pourrait te plaire.
– Je devrais pouvoir m’organiser, c’est quoi ?
– Ça s’appelle The Fuck-Up, d’Arthur Nersesian. C’est sorti en 1991, c’était son premier roman, il a été racheté par MTV Books puis il a un peu disparu des radars, il est quasiment introuvable aujourd’hui. Ça se passe à New York dans les années 80, c’est bien déglingué et assez mélancolique, tu le lis et tu me diras ce que tu en penses ? »
Je l’ai lu, j’ai dit ce que j’en pensais et je me suis organisé. Pourquoi ?
Parce que bien évidemment...
Le Matricule des Anges n°245
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Domaine étranger Au fin fond des bois Là où la terre se fond dans les eaux, écoutons la voix des Filles du chasseur d’ours s’élever, hurler, maudire, dans un roman sauvage. On y rencontre une forêt, l’ombre de l’ours, une chaumière abandonnée, sept filles à l’allure et au parfum d’ogresse, des trésors enterrés, une ville sous la neige, une narratrice comme une bonne fée. Et pourtant, Les Filles du chasseur d’ours n’a du conte que l’apparence, et tient les fées, bonnes ou mauvaises, très à distance. Ne serait-ce que par cette odeur qui se dégage de la troupe agitée des filles sauvageonnes et qui envahit chaque...
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Poésie Strange fruit Avec Sonnets américains pour mon ancien et futur assassin, Terrance Hayes signe un livre impressionnant sur les racines structurelles du racisme. Le seul livre traduit en français de Terrance Hayes (né en Caroline du Sud en 1971, auteur de presque quinze livres, dont certains lauréats des plus grands prix transatlantiques) est un événement double : par l’ampleur créatrice de sa langue et la densité de ce qu’il radiographie de la société américaine, foncièrement raciste (les cinq années d’investigation de Trump ne suffisant pas à localiser seulement sa violence), et par la restitution...
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Histoire littéraire Illusions perdues Réédition du premier roman de l’autrice suisse romande Catherine Colomb (1892-1965), un bijou féministe à l’humour corrosif. C’est très bref, superficiel, sans mouvement, enfantin par endroits, ennuyeux à d’autres ; il y a seulement des détails qui ne sont pas mal. » Ainsi l’autrice décrit-elle sobrement son texte dans une lettre adressée à Ottoline Morrell, peintre britannique et grande amie de Virginia Woolf. Marie Reymond de son vrai nom est alors une mère de famille quadragénaire qui, après un doctorat, s’est lancée dans l’enseignement et le journalisme. Elle...
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Théâtre Piscine du dernier étage Comment colorier en bleu la grisaille du quotidien, par Clémence Attar. Sous-titrée « Les bruits sourds des grands ensembles », la pièce de Clémence Attar nous transporte dans une cité aux immeubles baptisés de noms de fleurs : Les Hibiscus, Les Magnolias, Les Cerisiers. Mais d’arbres il n’y a que les noms. C’est l’été, il fait très chaud. Caniculaire. Au café Magno, les anciens, les darons, discutent foot, météo, travaux et mots croisés. Évoquent quelques faits divers. La routine, un peu désespérante, de ceux...
Intemporels
par Didier Garcia
Dans la peau d’un parano
Avec Un démon de petite envergure, l’écrivain russe Fiodor Sologoub (1863-1927) campe un personnage inoubliable : l’homme persécuté.
On n’a pas souvent l’occasion, même dans les comédies de Molière, où la caricature est pourtant poussée à son paroxysme, de croiser des êtres de papier aussi antipathiques que ce Peredonov, professeur de collège dans une petite ville russe et parfait antihéros de ce roman.
Voici donc un homme qui n’aurait que des défauts ? Mieux encore : il les a tous. Il est à la fois médiocre, mesquin, grossier, renfrogné, et seulement préoccupé par sa propre personne. Pour tout dire : parfaitement imbuvable. Le raffinement et la propreté lui répugnent, « le simple désir d’être agréable, de ne pas être...
Le Matricule des Anges n°233