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Boltanski intime
Lmda N°250 Exercice d’admiration par François Jonquet, doublé d’une satire du microcosme commercial de l’art contemporain. Un grand écart salutaire. Sur la couverture, il est indiqué « roman ». Mais ce livre contient beaucoup de réel. Il est dédié à Annette Messager et Christian Boltanski, et on a tout de suite envie d’aller voir, dans les dernières pages, celles des remerciements, ce que François Jonquet y mentionne : tout ce qui concerne les deux artistes est vrai, validé, autorisé. Où sommes-nous, alors ? Dans cet entre-deux...
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Domaine étranger Des mythes à la lettre Dans un roman sombre, cruel, à l’humour acide, Kristian Novak dénude une enfance chaotique à l’aube de la balkanisation de la Yougoslavie. Qui n’a jamais souhaité la disparition de quelqu’un ? C’est même un comportement normal, œdipien quand il s’agit du père pour un garçon. De là à ce que Matija en assume la disparition et celle de tous les suicides étranges qui frappent le roman ? Pourquoi tant de fadaises débitées aux enfants ? Devrait-on leur dire la vérité ? Que la vie, si belle soit-elle, a bien une date de péremption et que la mort ne s’explique pas, reste un...
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Domaine français Un fou pas si fou Avec sa façon, unique, de s’engouffrer au cœur du désordre rythmique et charnel des choses, Eugène Savitzkaya nous conte l’errance poético-fantasmatique de son fou de Paris. Si la figure du fou narrateur et personnage est un des modes d’apparition de Savitzkaya dans ses textes – comme dans Fou civil, Fou trop poli ou encore Fraudeur –, elle est surtout – comme celle de l’enfant – une façon de donner corps au parti pris de l’altérité, une manière de faire du principe de déraison une donnée première de la création. Disponible à ce qui s’offre, le fou de Paris a la bougeotte, et le livre éponyme se construit de...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Les corps caverneux
Inquiet sans doute du piètre état des nappes à la veille d’un énième été radieux, Pierre Michon rouvre les écluses et miracle, voici qu’à nouveau coule la Beune. Enfin, miracle. C’est parler vite. Ce retour bien sûr nous ravit mais. Comment dire. Difficile de contenir sa déception si l’on se remémore cette information parue dans Le Monde à l’été 2020 : l’auteur des Vies minuscules annonçait avoir achevé « un roman d’amour de plus de quatre cents pages ». Un texte « hypercontemporain », précisait-il, avec une partie de l’intrigue située en Chine mais chut je ne vous en dis pas plus. Et...
Le Matricule des Anges n°244
un auteur
Magyd Cherfi
Chronique
Traduction
Traduction
Antonio Werli
Horcynus Orca*, de Stefano D’Arrigo
Imagine quelque chose d’aussi vaste et profond qu’un océan et aussi haut et large qu’une montagne. Et imagine encore que la seule chose excitante que tu ressens lorsque tu te retrouves devant cette énormité, c’est que tu veuilles la traverser.
J’ai découvert le nom d’Horcynus Orca il y a une quinzaine d’années par un simple commentaire d’un internaute italien sur un site dont je ne me souviens plus le nom, à une époque où je m’intéressais particulièrement à la littérature italienne contemporaine. Je n’avais jamais entendu parler de ce roman ni de l’auteur, toutefois D’Arrigo était cité...
Le Matricule des Anges n°246
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Domaine étranger « Une fille ne peut pas devenir poète » Parution du premier tome des mémoires poétiques de la danoise Tove Ditlevsen dans lequel l’œuvre à venir et l’enfance se reflètent l’une l’autre. Tove Ditlevsen s’émouvait de toutes choses à condition de les percevoir par « des voies détournées ». Les faits, « rigides et fixes comme les réverbères dans la rue », ne l’intéressaient pas et on les chercherait en vain dans son autobiographie, exempte de dates et de bornes. Malgré la misère de son milieu d’origine, malgré ses relations tumultueuses avec quatre maris et trois enfants, malgré ses addictions, Tove Ditlevsen aura écrit une...
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Poésie Le phrasé d'une écriture hantée D’une voix qui perturbe et fascine, Sandra Moussempès poursuit sa quête d’elle-même parmi images filmiques, doubles et présences fantomatiques. J’ai appris que, juste en dessous de la surface, il y a un autre monde et encore d’autres mondes en creusant plus profond. » Cette phrase de David Lynch, placée en exergue du nouveau livre de Sandra Moussempès, annonce une écriture en apnée, des plongées sous l’effervescence des apparences, dans les zones obscures de l’éros et les cryptes de la mémoire. Conçu sous la forme d’un long poème éclaté en douze séquences, il s’inscrit dans les...
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Poches Le rire dissout le nazi Collectant les brimborions imprimés ou dactylographiés de la Résistance, l’historienne Alya Aglan met en évidence l’humour de Français vaincus mais résolus au cœur d’un temps troublé. L’étude des éphemera est une activité de plus en plus prisée des chercheurs depuis que diverses numérisations et mises en ligne ont mis en évidence leur teneur en informations précieuses. Il fallait jusqu’à présent fouiller dans les recoins les plus sombres des archives, musées et bibliothèques pour repérer ces « pièces » négligées, souvent accumulées en « recueils » (boîtes) non cataloguées. C’était au petit bonheur la chance… La présente...
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Théâtre Piscine du dernier étage Comment colorier en bleu la grisaille du quotidien, par Clémence Attar. Sous-titrée « Les bruits sourds des grands ensembles », la pièce de Clémence Attar nous transporte dans une cité aux immeubles baptisés de noms de fleurs : Les Hibiscus, Les Magnolias, Les Cerisiers. Mais d’arbres il n’y a que les noms. C’est l’été, il fait très chaud. Caniculaire. Au café Magno, les anciens, les darons, discutent foot, météo, travaux et mots croisés. Évoquent quelques faits divers. La routine, un peu désespérante, de ceux...
Intemporels
par Didier Garcia
Carpe diem
Roman initiatique de l’écrivain grec Kazantzaki, Alexis Zorba raconte le retour à la vraie vie d’un « rat de bibliothèque ».
Cette histoire commence le jour où le narrateur, alter ego de l’auteur, décide de changer de vie et de s’installer en Crète, où il va tenter non seulement d’oublier les livres (à la fois ceux qu’il lit et ceux qu’il écrit) mais aussi d’exploiter une mine de lignite dont il a hérité. Le hasard romanesque faisant souvent bien les choses, ce jour-là il rencontre Alexis Zorba, un sexagénaire qui ne se sépare jamais de son santouri (un instrument à cordes traditionnel grec), et chez qui il voit « un cœur vivant, une voix chaleureuse, une grande âme brute, qui n’avait pas coupé le cordon...
Le Matricule des Anges n°168