La littérature, entre mémoire et découverte.
Pour qui aime les livres, le siège des éditions du Castor Astral est pour le moins rassurant. Dans cette petite rue d’un Pantin blafard, il faut être très observateur pour apercevoir la petite plaque simili-cuivre qui fait office de raison sociale. Un coup de sonnette, et la porte d’entrée s’ouvre sur un homme barbu. Derrière lui, une pile de cartons dont on devine le contenu, et un mur de livres posés là en attendant d’être emportés vers quelques librairies.
L’homme, c’est Jean-Yves Reuzeau, le directeur littéraire du Castor Astral.
Jean-Yves Reuzeau vit dans une sorte de cohabitation complice avec une armée de livres qui lui laisse encore un peu de place pour aller et venir. Le papier des enveloppes, des manuscrits et des ouvrages semble, comme un lierre conquérant, envahir les murs de l’humble maison. La visite commence par un petit passage au bureau ; Chantal Chomette, directrice commerciale se démène derrière quelques cartons, une main sur le téléphone. Sur la gauche, le mur abrite une bibliothèque enceinte de tous les titres de la maison, exposés là comme de glorieux trophées. La chronologie éditoriale est respectée, d’Emmanuel Bove et L’Amour de Pierre Neuhart à Jean Malrieux Avec Armes et Bagages (lire page suivante). Sous la bibliothèque, la forêt touffue de papier kraft signale la présence des manuscrits non encore lus.
Retour au salon de Jean-Yves Reuzeau, bibliophile amateur qui est aussi le bureau de Reuzeau Jean-Yves, directeur littéraire. La bibliothèque à l’entrée de cette pièce recèle quelques raretés,
comme cette édition du Crépuscule des Nymphes de Pierre Louÿs, et beaucoup d’essais d’histoire littéraire Une télévision avec décodeur Canal-Plus pour les matches de football (le Castor Astral n a-t-il pas publié Football, autres regards ?). Une table où s’empilent quelques Baby, roman de la danoise Kirsten Thorup destinés au service de presse.
Comment s ’est créé Le Castor Astral ?
Nous sommes quatre à l’origine du Castor : Chantal Chomette, Cat Dussillols, directrice de fabrication, Marc Torralba, le gérant et moi-même. C’était en 1973. Nous étions étudiants à l’I.U.T. du Livre à Bordeaux. Nous avons d’abord créé une revue de contre-information. Par plaisanterie nous l’avions baptisée Oedipe, la revue sans complexe. Elle marchait pas mal, nous avons sorti trois numéros. Mais c’est un stage au Québec qui a tout déclenché. Marc y a travaillé dans la librairie et moi dans l’édition. Nous avons vu ce que les petites maisons réussissaient là-bas. De retour à Bordeaux, notre envie avait la force de l’évidence.
Nous nous sommes donc lancés alors que nous étions toujours étudiants, pensant nous arrêter très vite, et puis voilà, nous sommes encore là. Aujourd’hui, il faut rajouter Laurence Hemmler qui a la lourde tache de gérer les manuscrits.
Comment avez-vous choisi le nom de la maison d’édition ?
« Castor », c’est un...
Éditeur Le Castor s’est bâti une belle maison
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°2
| par
Thierry Guichard
Le Castor Astral vient de fêter son deux centième titre en publiant le roman de Jean Malrieux Avec Armes et Bagages. Deux cents titres, c’est plutôt bien pour une maison créée pour ne pas durer.
Un éditeur