Les nouvelles de Claude Louis-Combet n’ont pas cette qualité que l’on pensait indispensable à la réussite du genre : la fulgurance. Ses phrases s’allongent, prennent leur temps, attrapent dans les méandres de leurs virgules quelques adverbes, pas mal d’adjectifs et bon nombre de verbes. Bref ! Claude Louis-Combet ne fait rien comme il faudrait. Et pourtant, à ne considérer que la nouvelle-titre, on reste abasourdi par la force terrible de son écriture (malgré un étrange « Sans la contraindre de force… »).
Le docteur Augias gave sa mère jusqu’à lui faire atteindre des dimensions monstrueuses, jusqu’à ce que son corps emplisse, seul, la totalité de sa chambre.
C’est du lonesco avec de la chair, avec des viscères, avant de virer Alfred Jarry lorsqu’Augias branche sa « pompe à mère » sur les orifices du corps maternel : « Le tuyau d’évacuation débouchait au niveau de l’escalier. Le flux viscéral cascada bientôt dans la maison. » On vous épargne les détails, vous vous en régalerez. C’est dégueulasse, d’accord, mais quelle puissance, quel pouvoir dévastateur dans ces mots.
Avec La Maison des Marmousets, autre nouvelle du recueil, on reste dans le même régistre : celui de l’inconscient trouble, des phantasmes sexuels et de cette impossibilité à ne pas dire. Verbeux, Claude Louis-Combet l’est assurément mais son verbe s’est fait chair…
Augias et autre infamies
Claude Louis-Combet
José Corti
150 pages, 90 FF
Domaine français Organiques infamies
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
| par
Thierry Guichard
Un livre
Organiques infamies
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°4
, avril 1993.