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Domaine français La double vie d’Hannah

avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4 | par Thierry Guichard

Journal d’Hannah

Il est des journaux intimes qui ressemblent fort à des agendas mondains. Le talent de l’auteur se mesure alors en nombre de personnalités couchées dans ses pages (et parfois dans le lit même de celui qui écrit). Il en est d’autres qui donnent au lecteur une intelligence qu’il ne soupçonnait pas avoir. A coup sûr, Journal d’Hannah appartiendrait à cette seconde catégorie s’il n’en faisait pas partie d’une troisième : les journaux intimes fictifs. Disons le tout de suite, en sus de l’intelligence, c’est de l’émotion à l’état brut que nous offre Louise Lambrichs avec ces pages arrachées à la vie d’Hannah, une femme juive qui échappe aux camps hitlériens. Pour sortir vivante de la guerre, Hannah doit avorter d’une enfant, Louise, dont la vie, tel un fleuve souterrain, viendra inonder ses nuits. Intelligent, le Journal d’Hannah, l’est d’abord dans sa construction. Si le livre obéit à la chronologie de règle, il ne se satisfait toutefois pas d’une plate linéarité. L’entremêlement des thèmes, les échos qu’ils se renvoient à travers les époques rythment la troublante vie intérieur d’Hannah. L’avortement, mis en parallèle avec le génocide, l’interpénétration entre le rêve et la réalité, entre l’Histoire officielle et l’histoire d’Hannah, tout cela nourrit le journal intime au point de le rendre universel.
L’écriture de Louise Lambrichs, concentrée sur l’essentiel, l’émotion nue, sert admirablement ce récit pudique. Le social, cher à bon nombre de nos auteurs, est rejeté du récit, et d’Hannah, nous ne voyons que l’essentiel, ses passions et ses peurs dont l’intensité conduit aux frontières de la folie. Et lorsque l’auteur joue à merveille de la subjectivité du journal, il réussit à introduire dans une atmosphère kafkaïenne, un suspens qu’on ne pensait pas trouver dans un journal intime.

La double vie d’Hannah Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°4 , avril 1993.