Le père Noël tira sur la nourrice, et le sang fut versé." Certains lecteurs se laisseront peut-être séduire par la première phrase de la Grande Couronne, alors qu’il conviendrait d’abandonner aussitôt la lecture d’un roman qui sombrera trop vite dans la pire banalité…
Près du pont de Tolbiac, un homme rencontre Clara, une femme peu farouche qui lui propose d’emblée de l’héberger chez ses parents. Naturellement, il s’agit d’un chômeur, et ce soir-là il pleut. L’homme rencontre bientôt Pierre, le premier amant de Clara, cependant qu’il éprouve la chaleur d’un amour que la jeune femme, soudain effarouchée, refuse de consommer. Un soir de novembre, sans doute enivrée par les joies de la patinoire et l’enchantement du cinéma à la séance de dix-huit heures, elle demande à son soupirant de réserver une chambre d’hôtel pour… le 24 décembre ! Et la veille de Noël, quand les amants se donnent enfin l’un à l’autre, Pierre tue la mère de Clara…
Avant que cette amourette ne connaisse son issue fatale, le couple virtuel traverse quelques situations passionnantes : « Nous avons dîné dans une brasserie. J’ai pris un steak tartare, Clara une omelette. Le décor était fané. Clara souhaitait finir la soirée en discothèque. Elle a prévenu ses parents. » Le lecteur retient son souffle, et bientôt, des événements hors du commun se précipitent : achat d’un 16/9e, crise cardiaque d’un chien, scène de ménage, partie de monopoly, après l’inoubliable repas dominical « salade de tomates, rôti de bœuf et pommes frites, tarte maison »… Un feu d’artifice qui s’achève dans le final éblouissant d’une promenade méridienne : « Paule, Paolo et moi sommes allés chez Ikea. Nous avons pris la Francilienne. Paolo a allumé l’autoradio » !
Il s’agit sans doute d’un roman d’un genre nouveau, qui balance entre l’indigence et l’inconsistance, et qui s’étire sur quelques pages à grand renfort de phrases sujet-verbe-complément unique. À moins qu’il ne s’agisse d’une nouvelle avant-garde… Quoi qu’il en soit, une première publication sans éclat.
Grande Couronne
Pascal Licari
P.O.L
105 pages, 65 FF
Domaine français Noël tombe en décembre
novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14
| par
Didier Garcia
Un livre
Noël tombe en décembre
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°14
, novembre 1995.