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Domaine étranger Contes cruels et modernes

novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14 | par Christophe David

Si Quim Monzó a intitulé son dernier recueil de nouvelles Le Pourquoi des choses, c’est en référence à un ouvrage stalinien destiné à l’édification de la jeunesse traduit en catalan par El perquè de tot plega. Mais loin d’être une doctrine sans faille, le gai savoir de Quim Monzó, dans la mesure où Le Pourquoi des choses explore les rapports hommes/femmes, aurait plutôt des accents socratiques : de ces rapports fragiles, on ne peut savoir qu’une chose, c’est qu’on ne sait rien. Au commencement il y a le désir. Ensuite il n’y a plus que du mensonge, des concessions, des lâchetés. C’est avec rigueur que Quim Monzó mène son entreprise de destruction des mythologies pour lesquelles l’amour rime avec toujours. Il remonte aux sources pour y « saboter » (avec beaucoup de virtuosité) les légendes de Cendrillon ou de La Belle au bois dormant. Précis, il va jusqu’à examiner le fondement des énoncés du discours amoureux. Ainsi même si la « foi monogame » est sincère, il ne faut pas oublier qu’elle n’est qu’une foi : « Je ne crois pas que tu sois de mauvaise foi. Je crois que quand tu dis que tu m’aimes c’est parce que tu le crois. Mais si tu te trompes ? » Si l’on pouvait « analyser comme avec des rayons X ce qui se passe à l’intérieur des gens » tout serait peut-être plus simple ! Un artifice plus littéraire que technologique rend cela possible dans Le Dépassement de soi : il ne simplifie les choses que dans la mesure où Dorotea lit dans l’esprit de son mari (« qui a eu beaucoup de mal à se décider ») ce qu’elle voulait y lire.
Mais il ne faut pas croire que l’amour débarrassé de sa gangue d’illusions et réduit à la seule réalité du désir est un phénomène plus simple à expliquer : les trente nouvelles du Pourquoi des choses -certaines ne font que deux pages- sont là pour en dire la plasticité. Une psychologie sommaire en déduirait que « tous les hommes sont pareils » ou « qu’il n’y a aucune femme qui ne soit pas une salope ». Quim Monzó, refusant toute psychologie, qu’elle soit sommaire ou subtile, se contente de décrire les situations, les logiques dans lesquelles le désir engage ses personnages.
Dans son roman Gazoline comme dans les nouvelles de Quim Monzó le monde est toujours problématique. Il pose aux personnages un problème auquel il lui leur faut trouver une solution. Ces solutions sont le plus souvent perverses, non parce que les personnages seraient pervers -quoique…- mais parce que l’ordre du monde étant déréglé les seules logiques qu’ils peuvent développer pour s’adapter sont nécessairement perverses.
La prose de Quim Monzó tire sa force des tensions qui la traversent : tension entre son humour et sa cruauté (il est difficile de décider si c’est l’humour même de Monzó qui est cruel ou si l’humour n’est chez lui que la tonalité de contes d’abord cruels), tension entre la vie débordante qui la porte et les conduites morbides qu’elle met en scène, enfin tension entre la couleur des dialogues et le dépouillement strict de la narration.

Le Pourquoi des choses
traduit du catalan par Edmond Raillard
Jacqueline Chambon
164 pages, 98 FF

Contes cruels et modernes Par Christophe David
Le Matricule des Anges n°14 , novembre 1995.
LMDA PDF n°14
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