Un livre

Temps large, anthologie

de François-René Daillie

L’éditeur bordelais L’Escampette a choisi de publier toute l’œuvre inédite de l’écrivain François-René Daillie (né en 1925). Ce défi éditorial a commencé avec Vita Nova, Journal d’Islamabad qui couvre les années 1968-1969, et Le Divertissement, sous-titré Chronique du temps ralenti, sûrement un des meilleurs romans publiés ces dix dernières années.
L’œuvre poétique représente la plus grande partie des livres déjà parus de François-René Daillie. Pour favoriser cette (re)découverte, L’Escampette a choisi judicieusement de sortir une anthologie. Temps large permet de mesurer de 1948 à 1995 l’inspiration de ce qu’il faut appeler sans réserve un grand poète, qui a su dans chaque domaine littéraire abordé donner le meilleur de lui-même.
De son premier livre De Flamme et d’os (1948-1949) aux Mers du sud (1994) est menée, dans une écriture limpide et sensuelle, une quête véritablement humaine, parce que née d’une nécessité et ne sacrifiant à aucune mode, une quête du sens et de la vérité traversant les années avec un sens très sûr de la formulation qui lui permet de prétendre à un large lectorat : « Veille sur les hommes rugueux et lents qui sont restés pour témoigner de la durée, attentifs aux jeux dangereux des rayons et des gouttes avec la feuille et le raisin sous l’œil pers de l’arc-en-ciel ».
Cette attention à laquelle convoque respectueusement François-René Daillie a pour nom fidélité. Fidélité à la nature, aux choses, à la vie. La poésie de Daillie rappelle qu’un homme est une somme de désirs, qu’il est chair et amour, qu’il aime en effet, de liens éphémères en véritables abandons. C’est là une des qualités essentielles de cette poésie qu’il faut situer très haut dans le paysage poétique d’aujourd’hui et dont cette anthologie constitue l’accès idéal.

Temps large, anthologie
François-René Daillie
L’Escampette
128 pages, 99 FF