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Dossier Christine Angot
L’usage de la vie

novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21 | par Christine Angot

Écrit pour la scène, ce texte sortira sous ce titre chez Fayard en janvier 1998 dans un livre réunissant l’oeuvre théâtrale de Christine Angot. Premières pages pour les anges.

Qu’on arrête de dire que la littérature française c’est fini. Narcissique, nombrilique. J’ai lu samedi soir un livre magnifique. De Camille Laurens, Philippe. Il y a aussi Christophe Donner, Mathieu Lindon, Houellebecq pas mal non plus. Mais avec Yourcenar et Laclavetine, qu’on arrête. Avec Semprun. Arrêtez. Qui vous aimez encore ? Lisez moi, lisez Camille Laurens. Après on verra, si c’est fini. Vous allez dire, quel narcissisme. Quand les gens sortent ce mot : le narcissisme, c’est qu’ils sont vraiment dégoûtés de ce que j’écris. Ils sont dégoûtés de voir quelqu’un s’intéresser à lui-même plus qu’eux-mêmes ne s’intéressent à eux-mêmes. Vous êtes jaloux de n’avoir pas le temps matériel d’écrire vous aussi combien vous vous intéressez à vous-mêmes. Vous n’avez pas le temps, vous vous interdisez d’avoir le temps. Le temps est pour vous, je dis « pour vous » mais pour eux je devrais dire. Je devrais dire pour eux, vous c’est différent sans doute. Le temps est pour eux un péché de narcissisme. Ils font partie de la catégorie des salauds parce qu’ils ont honte de leur penchant naturel à s’intéresser à eux. Des salauds, des moralisateurs. Alors qu’au départ vous faites partie des êtres de génie ayant en vous une force. C’est sûr. On m’a posé la question dans une émission : Écrivez-vous pour des cons ou pour des gens intelligents ? Il y avait aussi Morgiève, Gonzague Saint-Bris, Cavanna et Paul-Louis Rossi. J’ai été la seule à dire des gens intelligents. Mais vous avez honte. J’ai peut-être failli moi aussi passer du côté de ceux qui écrivent des fictions. Du côté des salauds qui sont tellement satisfaits de traiter leur vie avec des pincettes, avec cette distance. J’ai peut-être failli passer de l’autre côté du sensible en fait.
Les écrivains ne devraient jamais cesser d’écrire leur vie en fait. Avec le doute, qui plane. Sur la vérité. Que Proust ait créé cette Albertine c’est génial, car on se demande tout le temps. Prendre le temps de dormir et de revivre. Mais que l’écriture soit vraiment celle de la vie. Paisible, fictive, peut-être, mais qu’elle ne lâche jamais ce fil par lequel vous pourrez voir la vie. Venir, vibrer. Même une vie ratée. Le corps en train de vivre, en train de vibrer, voilà ce qu’il faudrait raconter. Jusqu’à ce que l’écriture elle-même soit cette vie. Même ratée, même à moitié. Prendre le temps de dormir et de revivre, continuer. Pendant des jours entiers, continuer d’écrire la jouissance en train de monter par exemple. On se plaint que dans la littérature française il n’y a plus de peinture de société. Plus que des femmes et des pédés. Trop de textes narcissiques, nombriliques. Je est le pronom de l’intimité, il n’a sa place que dans les lettres d’amour. Quand on dit Je dans un texte public c’est de l’amour pour vous, est-ce que vous le comprenez ? Ou continuerez-vous de taxer la littérature française de narcissisme, de nombrilisme ? Pour encenser par comparaison la littérature américaine. Qui date pour moi du...

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