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Arts et lettres Mer en vue

juin 1998 | Le Matricule des Anges n°23 | par Thierry Guichard

Lieu d’osmose entre le ciel et la mer, le rivage est aussi ouverture au monde. Comme la peinture, la poésie de Claude Dourguin y trouve une voie.

Un royaume près de la mer

La monomanie, l’obsession, fondent parfois les chefs-d’œuvre. En aiguisant le regard, en intégrant au plus profond de soi les couleurs, les formes, les odeurs des paysages maritimes, Claude Dourguin s’est bâti un royaume d’océan et de rochers. Quand elle ne bat pas les rivages européens (plutôt au nord qu’au sud, plutôt Bretagne et Normandie), Claude Dourguin va nourrir ses yeux aux couleurs des toiles de Boudin, Van Goyen, Marquet. D’un paysage à l’autre, d’une mer à une toile, elle arpente avec une curiosité affamée, une réceptivité amoureuse l’espace où le ciel et la mer semblent ouvrir l’univers en tirant sur le fil de l’horizon. Un royaume près de la mer est un archipel de dix îles, dix textes travaillés au pinceau qui alternent l’évocation d’un rivage à celle d’un peintre. « Je ne puis suivre Mallarmé : il me plairait davantage que le monde fût fait pour aboutir à une belle peinture. » Et, comme parfois la mer et le ciel se confondent, sous la plume de Claude Dourguin, paysages réels et représentations picturales mêlent leurs couleurs, leurs formes, leurs émotions, « mais ce que me donne la peinture, ce qu’elle me révèle, c’est un pays plus profond sinon plus vrai ».
S’il s’agit donc, à travers le paysage, de pénétrer un monde plus vaste, on comprend cet aveu paradoxal.La peinture, comme la poésie, offre une autre dimension aux choses qui nous entourent.A propos de Bonington et de ses tableaux qui privilégient une lumière « blonde, pâle, rayonnante et voilée à la fois -décantée par l’air marin », Claude Dourguin ajoute : « Comme si, avec lui dont chaque toile, chaque aquarelle répond à la suscitation du paysage, dit combien il a acquiescé au monde, on se tenait au plus près du réel, au plus près de la poésie ; assurés, et davantage enclins à remercier du passage ici-bas. » Rôle rédempteur, consolateur de la peinture.
Pour dire cela, et dire cet amour attentif pour les rivages, pour leurs noms, pour les inscriptions des cimetières marins qui sur une petite île parlent des mers du monde entier, pour dire une lumière, la qualité d’un soir, la richesse des couleurs, Claude Dourguin rivalise avec les peintres. Sa palette n’en finit pas de s’enrichir d’expressions, d’adjectifs pesés au trébuchet. A St Agnes, elle observe « le granit pâlir avec la montée du soleil et la côte moduler ses verts, ses roux, aiguiser ses découpes au vent, sèche, froide, puis, à son abri ensemencer d’or ses bassins japonais. » Comment ne pas lire, dans son hommage à Eugène Boudin qui ouvre le recueil, comme la trace d’un manifeste : « J’aime chez Boudin l’œuvre et la vie ajustée : la solennité absente, l’attention tenace, l’idée artisane de la chose à faire et à bien faire, le refus, la hantise -quand vient l’âge- de mollir. »
Un royaume près de la merest un livre dangereux pour qui vit loin des rivages.En faisant surgir, en nous, la nécessité de ces lumières, de cette ouverture, il renvoie le terrien à un deuil insoutenable.On devrait donc peindre des marines dans ces pays que nulle mer ne borde. Non pas de plates représentations paysagistes, mais l’essence même de ce qui est donné à voir à celui qui se laisse gagner par la mer : un appel au voyage, une confrontation aux éléments, l’humilité de vivre sous un ciel si vaste.Claude Dourguin réunit cela dans ses textes ; son regard s’accorde à celui des peintres et puise en elle ce qui l’accorde au monde.Un royaume près de la mer permet la communion.

Un royaume près de la mer
Claude Dourguin

Champ Vallon
210 pages, 110 FF

Mer en vue Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°23 , juin 1998.
LMDA PDF n°23
4,00