Nous sommes en Iran, au XIe siècle. Seïduna fut autrefois ami du poète Omar Khayyam, frondeur et buveur de vin. Il est aujourd’hui chef de la secte des chi’ites ismaïliens. Son ambition : prendre le pouvoir et bouter hors d’Iran les Turcs sunnites. Son arme suprême : le fanatisme aveugle des fedayins, moines soldats retranchés dans sa forteresse d’Alamut, à qui on fait croire que Seïduna détient les clés du paradis. Son secret : les jardins cachés de la forteresse, qu’il a transformés à l’image du paradis décrit par le Prophète. Il les a peuplés des plus jolies esclaves, des adolescentes achetées à prix d’or. Elles jouent le rôle des houris, ces jeunes filles aux yeux noirs du paradis musulman, qui ont la particularité d’être toujours vierges et récompensent les croyants pour l’éternité.
Dans les jardins secrets d’Alamut, une experte enseigne aux jeunes esclaves tous les secrets de l’alcôve. Bien sûr, elles sont innocentes comme l’agneau. Bien sûr, elles ont obligation d’être assidues aux leçons de choses, même si tout cela les fait rougir de honte. Bien sûr, Seïduna compte envoyer dans son paradis les plus vigoureux et les plus courageux de ses guerriers : ainsi, de retour sur le champ de bataille, ils seront les premiers à affronter la mort, pour retrouver le goût du plaisir éternel.
Les fedayins tomberont-ils dans le piège ? Seïduna deviendra-t-il maître de la Perse ? On nage en plein fantasme oriental bon marché. Les eunuques sont noirs, musclés et silencieux. Les jeunes filles dorment à deux les soirs d’ennui. Seïduna s’est octroyé une favorite, plus belle et plus intelligente que ses compagnes, mais sensible et révoltée par la cruauté de son maître. Tout ce beau monde est habillé d’or, de brocard et de soie, et une panthère apprivoisée circule dans les jardins. Une somme de clichés. Agaçant.
Alamut
Vladimir Bartol
Traduit du slovène
par C. Vincenot et J.-P. Sicre
Phébus
582 pages, 85 FF
Poches Guerre sainte sauce guimauve
septembre 1998 | Le Matricule des Anges n°24
| par
Haydée Sabéran
Un livre
Guerre sainte sauce guimauve
Par
Haydée Sabéran
Le Matricule des Anges n°24
, septembre 1998.