La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Poésie Quête de l’amour fin

mai 1999 | Le Matricule des Anges n°26 | par Dominique Aussenac

Voyage au cœur d’un art lyrique majeur, souvent occulté ou caricaturé : la poésie des troubadours. Publication d’une anthologie très courtoise.

Le Livre d’or des Troubadours

De l’aube du XIIe au XIVe siècles fleurit en Occitanie, ainsi que sur les prolongements catalans d’un côté, et de l’autre pas encore italiens, l’art du trobar. Trobar, du latin tropare signifie composer, inventer un air, un poème. Le trobar est une pratique élaborée d’entrebescar motz e sos, d’enchevêtrement de mots et de sons autour d’une razo, un thème, un sujet particulier… Enchevêtrement amoureux, aussi. Bernat Marti (1150 env.) chante « je vais enchevêtrant les mots et affinant les mélodies comme la langue est enlacée dans le baiser. ». Le trobar est tendu, sous-tendu par un dépassement, la quête de l’amour de la domna, la dame. Poètes lyriques, les troubadours fondèrent la littérature de langue d’oc et diffusèrent en Europe la fina amor, l’amour fin, pur, parfait, appelé plus tard amour courtois.
Le trobador, troubadour est donc l’inventeur, celui qui crée, compose et interprète poésie et musique. Tandis qu’à un degré moindre le joglar, le jongleur est celui qui joue avec les mots, jongle avec les chansons en s’accompagnant d’instruments. Il n’est souvent qu’un interprète qui vante les mérites de tel ou tel troubadour. Ainsi, de chanson en chanson, de décennie en décennie ceux-ci se retrouvent mythifiés. « Peire Vidal fut de Toulouse, fils d’un pelletier. Il chantait mieux que personne et fut un des hommes les plus fous qui naquirent jamais. » Dante, lui-même dans sa Divine Comédie, évoqua les figures hiératiques de Bernart de Ventadorn, Arnaut Daniel…
Issus de tous milieux, roturiers, moines, seigneurs, professionnels ou amateurs, les troubadours excellent certes dans la composition de chansons d’amour, expriment la joia, la joie d’être au monde, l’unité cosmique, louent la nature et s’émerveillent du chant des oiseaux, mais peuvent aussi être très noirs, évoquer le néant, la fin des temps, inviter aux débats d’idées, polémiquer, etc. « De vous blâmer m’est un régal, puissants seigneurs, car vous pensez avoir tant de valeur ! » (Bertran de Born, 1159-1195). Si en français, troubadour est unisexe, en occitan son féminin est trobaritz. Elles furent quelques-unes à entrer dans la légende ; N’Azalais de Porcairagues, Maria de Ventadorn, Na Castelhoza, Clara d’Anduza… La comtesse de Dia soumettait son prétendant à des épreuves d’amour avant de le laisser succomber aux plaisirs du baizar, jazer et tener, le baiser d’amour, le coucher et l’étreinte. Toutefois cette liberté d’expression et de mœurs fut progressivement condamnée par la religion catholique, l’Inquisition et les trois croisades qui de 1208 à 1271, sous prétexte d’hérésie cathare, ravagèrent et annexèrent le Comté de Toulouse au royaume de France.
Cette anthologie regroupe trois cents textes, la plupart bilingues composés par une centaine de troubadours. Autour de Marcabru, Bernart de Ventador, Bertran de Born, Peire Cardenal, on peut aussi trouver le roi Richard Cœur de Lion, Dante ou Gaston Phoebus. Les textes ont été choisis par Gérard Zuchetto, chanteur, compositeur et Jörn Grüber, philologue, universitaire allemand. Tous deux font partie du Centre Trobar qui développe l’étude, la recherche et la création dans la lyrique médiévale. « En ce petit son gracieux et gai, je fais des mots et les rabote, et ils seront exacts et sûrs, quand j’y aurait passé la lime car amour à l’instant polit et dore. »

Le Livre d’or des troubadours
Gérard Zuchetto, Jörn Gruber

Editions de Paris
320 pages, 140 FF

Quête de l’amour fin Par Dominique Aussenac
Le Matricule des Anges n°26 , mai 1999.
LMDA PDF n°26
4,00