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Poésie Volées d’instantanés

janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29 | par Emmanuel Laugier

Anne Portugal et Suzanne Doppelt rythment à quatre mains la vie des plantes et des animaux. Autant de filtres d’images et de mots….

Dans la reproduction en 2 parties égales des plantes et des animaux

Dans la reproduction en 2 parties égales des plantes et des animaux, le nouveau livre de la poétesse Anne Portugal, est écrit à quatre mains : et cela, parce que Suzanne Doppelt, qui avait déjà signé les photographies de Kub or (de Pierre Alferi), écrit en partie ce livre avec des clichés photographiques. Écrit, parce que ses images ne sont pas de simples accompagnements de texte, comme on dirait que le texte est une explication des images. Si c’est un livre écrit à quatre mains, c’est parce qu’il y a dans tous les cas un réel partage entre ces deux personnes, entre ces voix, une presque équivalence entre les pratiques singulières de chacun de ces auteurs. Chacun a ses outils, chacun écrit, par relevé d’images pour l’un, par un safari spécial de mots pour l’autre, et tout cela fait une sorte d’agencement rythmique. Les poèmes d’Anne Portugal sont presque tous sur la page de gauche, les photographies de Suzanne Doppelt à droite, isolées, en paire ou en trio, en carré, angle contre angle. On y repère des vues de ciel avec fronton d’immeuble à travers le flou d’une surface d’eau, des petits escargots qui tachettent des poteaux d’angle, des fonds de bassine, des maisons gelées, des marelles, des percées de branchage dans du coton brumeux, des bandes de papier-tue-mouches mouchetées comme autant de grains de beauté, des poissons, un renard souriant et beaucoup d’autres choses étranges, des miniatures, des modèles réduits, de la neige avec de l’herbe qui perce, un rythme doux, enfantin, qui s’étonne de la grâce d’un filet de sardine.
Suzanne Doppelt fait des mondes, les cadre et nous renvoie comme à l’infini de leurs variations. Anne Portugal, que l’on reconnaît bien depuis Les Commodités d’une banquette (P. O. L, 1985), à ce rythme léger, nonchalant, entre abstraction et petits événements quotidiens de la vie, relève elle aussi les micro-macro mondes de nos perceptions. Ainsi, des enfants passent dans ses vers, des enfantillages ou jeux se forment dans le vers, et c’est un bruit très discret qui vient faire du poème un mixte entre éléments de la réalité et fantômes de l’esprit : « on le tient enfermé/ dans une cour enchantée// des animaux adultes/ et qui ne pèsent rien/ sans effort apparent/ et qui ne pèsent rien/ indifférent à la présence/ et qui ne pèsent rien/ remontent des petits/ mécanismes intérieurs ».
Ces poèmes sont des rêves mis à plat. Ils sont une suite de mots brusquée, avec syncopes, dérapages de sens et de syntaxe, ou bien des unités brèves évidentes. Certains poèmes frisent donc l’abstraction, puis l’histoire reprend : on est dans ce livre comme sur les montagnes russes, haut le cœur et hop, les vers filent à grande allure, on se prend un bout d’image dans l’œil en passant. On en sort sourire en coin, comme lorsqu’on voit quelque chose de beau passer, et plus rien que cet instantané reste alors en tête. C’est le moteur de ce livre, son rêve, comme si on nous disait d’écouter les plantes et les animaux, le bruit caché de ceux qui ne parlent pas : « dans le jardin/ il tombe de la neige// bouche cousue tu dois/ approcher une vision/ la presser insister/ cession session/ accord de e/ donne la dérivée »

Dans la reproduction en
2 parties égales des plantes
et des animaux
Anne Portugal - Suzanne Doppelt

P. O. L
non paginé, 90 FF

Volées d’instantanés Par Emmanuel Laugier
Le Matricule des Anges n°29 , janvier 2000.