La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Premiers romans Désirs de Gala

mars 2000 | Le Matricule des Anges n°30 | par Anne Riera

Gaëlle Obiégly dresse le portrait en creux d’une jeune femme qui épie le monde et elle-même, perdue dans une solitude qu’elle se doit d’habiter.

Petite figurine en biscuit qui tourne sur elle-même dans sa boîte à musique

Elle s’appelle Gala. Elle écrit depuis les taches d’ombres qui sommeillent au creux des rêves d’après-midi. Elle se raconte, lâche par hasard son prénom au détour d’une phrase, page 28, et s’escamote la page suivante ; le livre n’existe pas encore, elle ne l’anticipe pas, l’écriture est là, une évidence, un exutoire pour une douleur indomptable. Un long monologue, un ressassement, des fragments volés, une courte vie en confettis oubliée sur le papier à lettres d’une chambre d’hôtel ou soigneusement consignée dans un petit carnet de route. Qui est Gala ? D’elle, jusqu’au bout, on ignorera tout. L’essentiel ? Sa fiche d’identité ? Ou le plus trouble de ses songes ?
Gala est cette « petite figurine en biscuit qui tourne sur elle-même dans sa boîte à musique » et qui donne son titre à ce premier roman. Quand on fait sa connaissance, elle se balance lentement au bout d’un fil près de céder ; son père est mort. Elle convoque ses souvenirs, des éclats de rires pour conjurer la maladie, la pâleur, la porte du crématorium. Elle entre lentement en hibernation ; un demi-sommeil peuplé de fantômes familiers. Les cauchemars de l’enfance se télescopent, entrent en contact soudain avec la réalité ; le monde autour d’elle se trouble, elle rêve et parfois se souvient avoir voulu tuer son père, l’avoir cherché en vain. Quelques images incandescentes, l’eau, le soleil, un homme les bras tendus ; des courses-poursuites, une chute, le vertige. Son « corps est une mémoire libre ». Elle « opprime la banalité », se réfugie dans un ailleurs voluptueux, s’invente des « symptômes de vie ». En vain. Elle veut fuir. Commence alors une fugue en la mineur, une déambulation onirique. Elle s’enfuit au hasard, monte dans un train, regarde des hommes et choisit Jack -c’est ainsi qu’elle l’a baptisé. Elle le suit, l’épie, se cache derrière les vitres des cafés. En vain.
« Je me suis appliquée à me décomposer, me mettre en miettes, me pulvériser. Tout mon temps à mettre au point des morts spectaculaires (…) à me prendre à bras le corps, à me faire valser dans les airs, le décor. Mais victime de ma maladresse je me suis abîmée et c’est tout. » Un mal de vivre inconsolé, inconsolable : la peur d’être visible, la peur aussi qu’on ne la voie pas ; le silence, l’oreille posée sur le parquet à écouter l’ascenseur monter et descendre. À attendre Jack. « J’étais obsédée par l’amour, l’amour fou, je voyais des signes partout, des signes de tout. Les choses, les végétaux, les éléments avaient leur langue. J’écoutais en arrêt la parole suprême, celle dont j’étais la seule destinataire. » Elle cherche son chemin au milieu des chuchotements, porte une attention particulière à la lumière, comme si, plante à peine éclose, elle devait encore commencer sa photosynthèse.
Gaëlle Obiégly, l’auteur, (car comment ne pas deviner dans les soupentes du texte la part d’autobiographie), dialogue avec un monde invisible, à peine pressenti, secret. « Parfois, je fermais les yeux et j’écoutais craquer mes os. Il me semblait que j’abritais un chantier. J’avais un monde bavard tapi sous l’épiderme. » Elle joue une interminable partie de cache-cache avec elle-même. Désirs, non-dits, battements d’ailes. Depuis cet entre-monde, elle nous adresse un beau, lumineux, lancinant récit qui entraîne et qui aspire. Un long poème en prose peuplé de « visions sauvages et irisées ».

Petite Figurine en biscuit
qui tourne sur elle-même
dans sa boîte à musique
Gaëlle Obiégly

L’Arpenteur
133 pages, 80 FF

Désirs de Gala Par Anne Riera
Le Matricule des Anges n°30 , mars 2000.
LMDA PDF n°30
4,00