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Domaine français A la lumière de l’absence

mars 2000 | Le Matricule des Anges n°30 | par Marc Blanchet

Disparaître : mot-clé du nouveau recueil de récits d’Éric Faye. Ou comment toute enquête sur autrui est un premier pas dans l’abîme.

Les Lumières fossiles et autres récits

Fait courant, fait divers : la disparition d’une personne (et l’on voudrait insister sur ce mot), un individu dont nul ne peut expliquer l’absence du jour au lendemain puisqu’il était « sans histoire », menait une « vie normale ».
De tous ces points aveugles, l’écrivain Éric Faye a fait la matière d’un récit qui ouvre ces bien-nommées Lumières fossiles, aux côtés d’autres textes, à la limite d’un fantastique qui, comme toujours dans l’univers de l’auteur de Je suis le gardien du phare (Corti) ou Le Général Solitude (Le Serpent à plumes), permet d’approcher ces moments de rupture dans le flux quotidien qu’aucune explication rationnelle ni recherche méthodique n’éclairent, et qui semblent nous happer dans leur mystère.
Ce recueil obtient d’emblée sa cohérence par un sujet commun à tous ces textes, qui tient en un seul mot : disparaître. De manière incompréhensible, comme c’est le cas pour le narrateur du premier récit, dont la voisine a disparu, ne laissant comme échos d’elle-même que les sonneries d’un téléphone dans son appartement de la part de ceux qui ne savent pas, ou qui espèrent… Ces sonneries dans le vide constituent la bande-son de ce récit qui sous les apparences de l’enquête amène un voisin intrigué à s’interroger sur sa propre identité.
C’est là toute la force de l’écriture d’Éric Faye : les points de départ de ses romans ou nouvelles ne cherchent jamais l’originalité à tout prix, ils s’approchent délicatement d’une considération, d’une anecdote (là d’un fait divers) s’offrent dans une intelligibilité immédiate (le mystère d’un voisin disparu, qu’est-ce que l’autre, soi-même…) mais surtout se mettent en place, s’imposent par une clarté dans l’expression et même l’explicitation.
Tout est si clairement énoncé que tout en devient trouble et que le drame, ou l’ironie du sort, pointent par l’extrême lucidité du narrateur ou la découverte d’une énigme. Les personnages de Les Lumières fossiles, ceux qui racontent ou ceux qu’on évoque, sont sans retour : à peine les approche-t-on presque négligemment et il est déjà trop tard. Le voisin de la première nouvelle citée passe ainsi du témoignage à l’obsession, de l’indifférence à la névrose : « J’ai toujours aimé enfreindre, toujours aimé, dans les cales de vieux greniers naufragés, ouvrir les boîtes en fer d’antan, boîtes à gâteaux illustrées, pleines à craquer de photos en noir et blanc au liseré dentelé, au dos desquelles, souvent, figure une date. »
Connaître l’autre, est-ce le dater ? Le récit Postérité, qui relate la découverte d’un homme préhistorique revivant au-delà de son temps imparti en étant exposé, poursuit ce questionnement. L’homme est prisonnier du temps comme de ses souvenirs : Radio-Luego nous rappelle au monde fascinant de l’enfance et à l’écoute d’une station-radio dont nul n’a conservé la trace sauf le narrateur.
Ces situations imaginaires ainsi ne le sont jamais vraiment : elles frôlent la réalité pour mieux montrer son inexistence. Cette douce paranoïa s’infiltre insidieusement dans ces textes, petites histoires devant une grande qui est tout autant malléable, pour nous déposer au sein d’un mystère, dont la fiction semble bien être la porte qui l’ouvre et se referme derrière nous.

Les Lumières fossiles
Éric Faye

José Corti
194 pages, 95 FF

A la lumière de l’absence Par Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°30 , mars 2000.
LMDA PDF n°30
4,00