Ce roman policier prend sa source au tréfonds d’un cañon du Nouveau continent, dans la réserve indienne des Utes du Sud. Les cris du coyote sorcier y troublent à peine la vieille femme-médecine Daisy Perika qui se traîne péniblement hors de sa caravane vers « quelque chose de plus ancien que l’univers ». Tout au long des berges friables d’un arroyo, croisant des genévriers rabougris, longeant les blocs de grès de la mesa aux trois colonnes rocheuses, nous suivons religieusement la chamane qui s’enfonce et pénètre le monde qu’elle nomme « Inférieur » et d’où elle émerge… « dans un univers humide de lumière jaune filtrée par des tourbillons de brume bleue ».
Daisy Perika est immense et si faible dans la nuit froide et étoilée. Et elle sait. Elle comprend vite que Scott Parris, le boss de sa petite nièce et chef de la police de Granite Creek (une petite ville minière des Rocheuses), voit un peu plus loin que son périnée. Qu’il trimballe un humanisme serein. Qu’il capte l’improbable. Qu’il rêve et s’en souvient… au gré de cette traque au meurtrier d’une brillante étudiante en physique. Prémonitoires, Scott Parris et Daisy Perika vont nous ballotter de la légalité de l’enquête aux forces spirituelles indiennes, de la science -et plus particulièrement de la supraconductivité (l’auteur, James D. Doss en est un éminent spécialiste à haute température)- à la prescience, de l’humour désarçonné de subordonnés à ce suspect mexicain ne sachant à quels saints se désavouer…
Au final et grâce à la possession des pouvoirs surnaturels nous serons « dans le secret d’une fissure de la roche jaune »… La boucle se boucle. Œil pour œil dans les flocons du Colorado. « Ojo por ojo. »
Bien sûr l’on ne peut s’empêcher de comparer ce roman à ceux de la référence de l’ethno-polar américain (par ailleurs cité dans La Rivière des âmes perdues) : et bien, James D. Doss égale Tony Hillerman.
La Rivière des âmes perdues
James D. Doss
Traduit de l’américain
par Dabièle et Pierre Bondil
10/18
295 pages, 44 FF
Domaine étranger Symphonie en Utes
septembre 2000 | Le Matricule des Anges n°32
| par
Gerardo Lambertoni
Un livre
Symphonie en Utes
Par
Gerardo Lambertoni
Le Matricule des Anges n°32
, septembre 2000.