Dans une effervescence qui précède les rencontres publiques, les bibliothécaires ici savent recevoir avec le sourire. Pour y être allés souvent, nous n’avons jamais vu moins de quarante personnes venir écouter des poètes parfois inconnus. Et puis, il y a le fonds : c’est un plaisir incontestable de faire des découvertes en bibliothèques comme ici : abondance de revues de création littéraire, belle présence de la production de petits éditeurs, rayons poésie et théâtre d’une richesse exceptionnelle. Enfin, en aval de toute manifestion, il y a les livrets, composés et fabriqués au cœur même de la médiathèque et qui présentent avec une qualité esthétique irréprochable les futurs invités des lieux. Ici ? C’est la médiathèque de Romorantin-Lanthenay, première à recevoir le prix « nobel » angélique des bibliothèques (attribué par le Matricule sur son site internet).
Aux éditeurs qui pensent que les bibliothèques leur enlèvent des lecteurs, il faudrait adresser ce N° Hors série des publications de la médiathèque. L’ouvrage, sur beau papier, tiré à 400 exemplaires (hors commerce) accompagnés d’une linogravure, fête son septennat de rencontres. Tout a commencé par une petite phrase relevée dans Je ne suis pas un héros de Pierre Autin-Grenier où l’auteur se prend à rêver « qu’on organise des lectures publiques de mes poèmes à la Bibliothèque Municipale de Romorantin. » Chiche, a dit l’équipe.
Romorantin avait une réputation de trou du cul du monde. Réputation démentie aujourd’hui par le milieu des lettres. Demandez donc ce qu’ils pensent de leur visite à P. Autin-Grenier, X. Bazot, J. Borel, F. de Cornière, D. Daeninckx, É. Holder et tous ceux qui ont, pour l’occasion, envoyé un inédit.
Le conflit sur le droit de prêt a suscité pas mal de pétitions, cette publication, qui ne vise pourtant pas à apporter sa contribution au débat, est la meilleure réponse qu’on pouvait faire : littéraire, elle donne la parole à des auteurs et du plaisir aux lecteurs.