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Théâtre Un théâtre de somnanbule

avril 2001 | Le Matricule des Anges n°34 | par Laurence Cazaux

Voyage dans les cauchemars avec ce recueil de quatre pièces de Gao Xingjian, chez Lansman, le premier à avoir édité en Europe le théâtre du prix Nobel de littérature.

Théâtre 1 (Fuite, Au bord de la vie, Somnambule, Quatre quatuors pour un wwek-end)

Gao Xingjian est tour à tour romancier, dramaturge, peintre, traducteur, critique littéraire, metteur en scène et à l’occasion musicien. Né en Chine en 1940, il quitte son pays en 1987 et prend la nationalité française.
Dans La Fuite, deux hommes et une femme sont réfugiés dans un hangar la nuit d’un massacre qui évoque Tian’anmen. Les larmes et la peur se disputent avec la séduction et le sexe, mais dans ce face à face avec la mort, certaines répliques semblent un peu trop sentencieuses.
Les trois autres pièces sont beaucoup plus complexes dans leur forme, comme un mélange entre la Chine et l’Occident. Au bord de la vie crée un théâtre de la catharsis tout en s’inspirant de la tradition de l’opéra chinois où le chant, la danse, la musique et le texte sont liés. Ainsi, la pièce est jouée par une actrice, un clown muet et une danseuse qui interprète les images intérieures de la femme. Gao Xingjian demande une diction pas naturelle, un ton théâtral et une précision du jeu, à l’instar des gestes stylisés ou des voix spécifiques de l’opéra chinois.
Pour mettre en jeu cette partition qui oscille entre émotion et neutralité, Gao Xingjian fait parler ses personnages à la première, deuxième ou troisième personne du singulier. Comme s’ils étaient divisés, séparés, fascinés par « le diable » qu’ils portent en eux, dans un corps à corps avec leur chaos intime : « Tu cries à tue tête à celui qui te barre le passage : laisse-toi passer ».
Le cauchemar est toujours présent, particulièrement dans Le Somnambule, une pièce étrange où les personnages voyagent dans un train de resquilleurs et se baladent dans un très mauvais rêve, sans pouvoir se réveiller sous peine d’arrêter la pièce. « Mon écriture est très liée à la voix. Lorsque c’est possible, j’enregistre. Parfois avant de dicter, je me mets dans des situations limites. Je m’enferme, je crée une mise en scène… J’écoute la musique pour me mettre dans un état de somnambulisme. Quand j’ai écrit un premier jet, je le lis à haute voix, toujours dans cet état de somnambulisme pour voir si ça me touche. Et quand je suis bien réveillé, je regarde si c’est bien écrit. Michaux aussi faisait ça à sa manière » explique l’auteur1.
La figure qui hante toute l’œuvre est la mort, et le théâtre de Xingjian est celui de la perte, de la défaite. « Ton dernier adversaire, ce sacré Moi, tu l’as tué plusieurs fois déjà. Plus de souvenir… Plus d’idéaux non plus. Laisse cela à d’autres qui veulent y croire encore. En ce moment, tu ne rêves qu’à devenir feuille volante voltigeant dans les bras du vent. Oiseau filant en diagonale tel une flèche suivant la pente du toit, tu vois l’horizon perdre sa pesanteur et se balancer le long de tes ailes… Au premier coup de fusil, ou à la première crise cardiaque, tu chuteras sans laisser ni trace, ni point final. Ainsi circules-tu entre les mots et les phrases. Que signifie cette liberté de langage plus lourde autrefois qu’une chaîne en fer et plus légère aujourd’hui que cette saloperie de libertinage ? »

1 Interview accordée à Nathalie Levisalles pour Libération le 7 décembre 2000

Un théâtre de somnanbule Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°34 , avril 2001.