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Jeunesse Ne pas oublier Palerme

août 2001 | Le Matricule des Anges n°35 | par Thierry Guichard

L' Huile d’olive ne meurt jamais

Par la grâce d’un roman palpitant, Sophie Chérer montre que le courage n’est pas une qualité mais un devoir.
Le prix à payer pour vivre sa vie et ne pas la subir.
Les romans engagés se font rares dans la littérature française d’aujourd’hui. Seul le polar avec des auteurs comme Didier Daeninckx fait encore une large place à une littérature combative, dénonciatrice des compromissions et des injustices. Du côté de la blanche, on citera toutefois une Leslie Kaplan ou un François Bon. Et l’on ajoutera le nom de Sophie Chérer qui, depuis Les Loups du paradis (L’Olivier, 1996) n’a de cesse de donner des couleurs à la générosité. Il convient d’ajouter aussitôt que l’engagement dans ses romans commence par une exigence d’écriture, un enracinement de la langue et une éthique du récit. Afin que la littérature ne soit pas instrumentalisée.
La littérature jeunesse est un traquenard pour un écrivain comme elle : les bons sentiments, les valeurs « positives », la morale guettent au coin de la page. Il faut donc corseter les phrases au corps, les tenir dans l’ombre des personnages. Exigence d’autant plus nécessaire qu’ici Sophie Chérer s’est inspirée de faits réels.
La baronne Cordopari vit à Palerme dans une propriété de tout temps convoitée par la mafia. La vieille dame a toujours refusé de collaborer avec la Cosa Nostra : son mari en est mort, elle est la pestiférée de Palerme. Dans sa propriété, la baronne produit seule une excellente huile d’olive.
Caroline a vu l’émission et, en classe, lit sa rédaction où elle dit son admiration pour la noble dame.
Et Olivier entend cela, et il entend probablement aussi qu’il existe une grand-mère fière, lui dont la sienne est morte de honte après avoir participé à une odieuse émission télévisée. Alors, par amour pour Caroline, le jeune élève rêvera d’aider la baronne lors d’un voyage qu’il doit faire en Sicile avec ses parents. Il essaiera de rencontrer la baronne et de confronter sa vie au vrai courage. L’adolescent cherche ainsi une sortie royale de l’enfance, un chemin où marcher droit, un sens à sa vie. Et peut-être aussi le rachat du tort fait à sa grand-mère. Olivier n’est pas un héros : c’est un enfant timide et sensible. Ce qui ne le rend que plus crédible.
Sophie Chérer ne se contente pas de suivre le Vespa d’Olivier. Elle nous introduit aussi dans une jeune famille sicilienne dont le père, Sergio, travaille pour la mafia. Comme tant d’autres… Une réalité sociale, comme une fatalité, à quoi ne se résout pas sa jeune femme Delfina. Elle est prête à renoncer à son couple pour que cessent ces compromissions, cette collaboration au crime organisé.
Les deux chemins, celui d’Olivier et celui de Delfina, se croiseront.
Le roman peut donner à voir des mitraillettes et évoquer la violence, ce n’est pas avec ces accessoires de scénariste qu’il s’écrit. Chaque lutte (aussi bien celle d’Olivier que celle de Delfina) est d’abord une lutte contre sa peur, sa résignation, son indifférence. Et l’ennemi peut être la mafia ou la cupidité de notre monde : il ne nous est jamais totalement extérieur.
On notera, aussi, combien l’auteur valorise ici la fréquentation des livres (et Giono que Chérer chérit) comme meilleur moyen de conserver la force de ses convictions. Les mots sont ainsi comme les olives qu’on aime rouler sous la langue : leur huile est un soleil. Qui éclaire.

Ne pas oublier Palerme Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°35 , août 2001.
LMDA PDF n°35
4,00