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Théâtre La voix du sang

septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40 | par Laurence Cazaux

La Mort du roi Tsongor

Dramaturge et romancier, Laurent Gaudé a déjà publié cinq pièces de théâtre et un roman, Cris, sur la guerre de 14-18. Son deuxième roman, La Mort du roi Tsongor, parle d’une guerre ancestrale. Le lecteur est plongé dans l’empire du roi Tsongor. Le roi doit marier sa fille, Samilia. Mais la veille des noces, un deuxième prétendant surgit à la tête d’une armée de nomades.
Sentant renaître le spectre de la guerre, Tsongor se tue, espérant que ses funérailles arrêteront la machine infernale qu’il connaît bien pour avoir été un redoutable guerrier. Avant de mourir, il demande à son plus jeune fils de partir dans tout le royaume, construire sept tombeaux pour dire ce que fut son père.
Nous sommes dans un récit des origines. Le lecteur pense bien sûr à la Guerre de Troie, à Thèbes, à Antigone et ses frères ou à Œdipe sur la route d’Henry Bauchau. Une même qualité de souffle épique procède de ce roman de Laurent Gaudé.
L’écrivain questionne le sens de la transmission d’une vie. Il s’interroge aussi sur l’impossibilité à saisir tous les visages d’un homme et ce, même sans occulter sa part d’ombre, de honte ou de défaite. Ainsi, un tombeau sur les sept sera consacré au tueur Tsongor. Gaudé questionne aussi la part féminine que chaque homme porte et cache en soi. Samilia, c’est comme la part sacrifiée de chaque guerrier.
Les images de Laurent Gaudé percutent notre imaginaire. Nous voyons un cadavre pleurer, un homme dont les dents restent rouges à jamais de folie meurtrière. Le personnage de Katabolonga, porteur du tabouret d’or de Tsongor, qui possède la mort du roi et qui parle tout au long du roman avec son cadavre est une figure magnifique.
À la fin du roman, il reste un homme, le dernier fils du roi Tsongor et sa sœur errante sur les chemins. Tout peut donc commencer…

La Mort du roi Tsongor
Laurent Gaudé
Actes Sud
206 pages, 15,90

La voix du sang Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°40 , septembre 2002.