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Théâtre L’immersion sociale

janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42 | par Laurence Cazaux

Les premières pièces d’Abdelkader Alloula, inspirées de l’univers de Gogol, mêlent théâtre de divertissement et théâtre critique en prise avec la société algérienne.

Les Sangsues (suivi de) Pain/Folie de Salim/Les rmes du Bon-Dieu

Abdelkader Alloula, immense dramaturge algérien, était assassiné par balles le 10 mars 1994, à Oran, à l’âge de 54 ans. En 1995, Actes Sud-Papiers publiait un premier volume de trois pièces d’Alloula : Les Généreux (1984), Les Dires (1980) et Le Voile (1989). Les quatre nouvelles pièces traduites dans ce deuxième recueil sont antérieures. Les Sangsues datent de 1969, Le Pain de 1970, La Folie de Salim de 1972 et Les Thermes du Bon-Dieu de 1975.
Le traducteur Messaoud Benyoucef a mis en lumière la trajectoire artistique d’Alloula par tout un travail de notes très précieux. Il montre ainsi comment le théâtre, qui fut nationalisé par le pouvoir algérien en 1963, devait garder un rôle de propagandiste révolutionnaire et comment Alloula restera fidèle à cet engagement révolutionnaire. Les années 1970 sont pour lui celles d’un théâtre critique. L’écrivain posera un regard très perspicace sur la société algérienne. Son œuvre est alors très influencée par deux œuvres de Gogol : Le Revizor et le Journal d’un fou. « Chez le maître russe, il retrouve avec jubilation son propre penchant pour l’ironie et l’absurde ainsi que sa profonde détestation de ce qu’il ne cessera plus de soumettre à sa critique virulente : la bureaucratie » rapporte Benyoucef.
Les Sangsues est la première œuvre d’Alloula. C’est la mise en pièce d’une administration d’État réglée par la corruption. Une quarantaine de personnages constitue un joyeux capharnaüm dans une succession de scènes sarcastiques. La pièce se termine par un grand raout qui dégénère en bagarre. Un contrôleur devrait alors mettre ce petit monde en prison, mais le metteur en scène est obligé d’interrompre la représentation car les comédiens eux-mêmes cherchent à éviter l’incarcération. En introduisant comme personnages un metteur en scène ou encore un conteur-barde chargé de faire régulièrement le point sur la fable dans une dynamique brechtienne, Alloula arrive à concilier théâtre de divertissement avec des situations complètement absurdes et théâtre critique en prise avec la société. Ajoutons que le texte d’Alloula alterne des passages rimés et d’autres non, ce qui donne une rythmique très travaillée et vive.
Le Pain met également en jeu un joyeux désordre avec presque 70 personnages. Le personnage central Si Ali est un homme généreux. Écrivain public, il va vouloir écrire un livre intitulé Le Pain, traitant des origines et des causes immédiates de la faim et de la pauvreté. Alloula s’attaque ici à l’illettrisme. Il parle également de la place de l’artiste dans la société qui, pour lui, tel Si Ali doit s’immerger dans la réalité sociale.
La Folie de Salim est un monologue, une adaptation du Journal d’un fou de Gogol qu’Alloula interprétera sur scène. Salim, un petit fonctionnaire est épris de la fille du directeur. Pour tenter de vivre cet amour, il va s’inventer une autre réalité où les chiens parlent et s’écrivent des lettres, et où lui-même devient Salim 1er, roi de la bureaucratie.
Enfin Les Thermes du Bon-Dieu est un autre clin d’œil discret au Revizor plongé dans le cadre de la réforme agraire. Comme le précise Benyoucef « Ce thème subliminal et récurrent du Revizor et, de manière plus générale la référence à Gogol constituent les marqueurs de cette obsession d’Alloula : la libération des hommes ne peut venir que des hommes eux-mêmes. » Avec le théâtre comme ferment.

Les Sangsues/Le Pain
La Folie de Salim
Les Thermes du Bon-Dieu

Abdelkader Alloula
Textes français de Messaoud Benyoucef
Actes Sud-Papiers
250 pages, 25

L’immersion sociale Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°42 , janvier 2003.
LMDA PDF n°42
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