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Histoire littéraire En quête du vent perdu

janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42 | par Jean Laurenti

Charlus (1860-1942) ou aux sources de la scatologie et de l’obscénité de Proust

Proust et la femme pétomane

Le narrateur de La Recherche rencontre devant le casino de Balbec un monsieur corpulent et distingué, absorbé par la lecture de l’affiche du programme, comme s’il y cherchait son nom. Il s’agit du baron Palamède de Charlus, frère du duc de Guermantes et l’une des figures centrales de l’œuvre. L’essayiste et avocat Christian Gury fait de ce personnage complexe et ambigu, à la volonté virile et aux gestes efféminés, le fer de lance d’une relecture iconoclaste de La Recherche. Le baron serait en effet un dérivé littéraire de Charlus, chanteur éponyme de caf’conc’(genre mineur fort prisé par Proust), hermaprodite au répertoire grotesque et vulgaire et pratiquant la prostitution pour améliorer son ordinaire.
La Recherche, « palimpseste » dérobant aux lectures superficielles les obsessions scatologiques et le goût immodéré de Marcel Proust pour les perversions : l’écrivain « jouit dans sa tête et, des maladies sexuelles plein le cerveau, il évacue par l’émonctoire de sa plume, les vénéneuses images de sa Sodome intérieure. » Cette exégèse -Proust lu comme un disciple de Rabelais !- est une véritable enquête menée avec une audace sans bornes et une belle allégresse. En disciple survolté de Lacan, Gury ausculte la profusion onomastique de l’œuvre, valise à fonds multiples et au contenu des plus surprenants : « il y a dans Palamède (de Charlus) Ma Pédale, Pet malade, dame et mâle ». On n’est ainsi plus très loin de « Pal à merde de Cul sale. » Le baron doit beaucoup aussi à Lyautey : le futur maréchal, époux inoffensif d’Inès Fortoul, un temps promise à Proust. Partageant avec Charlus cette incapacité, il sera du « lit ôté », délicate contrepèterie vers le « thé au lit » de « la tante » du narrateur.
Draps souillés ; aubépines (« aube et pines ») aphrodisiaques ; senteurs d’aman(des) ; arbres s’étreignant sans vergogne ; mais aussi flatulences échappées des corps corsetés, exhalaisons putrides. C’est dans « les cabinets », plus que dans les salons que gît, selon Gury, l’essence de La Recherche. Offensante, erronée, cocasse cette lecture ? Son auteur, lui, prétend exalter le sublime de l’œuvre, montrer que le trivial et le vulgaire, transcendés par l’artiste, mènent à « la sainteté ». Et de citer Proust, pour qui « l’écrivain est une étrange abeille qui tire indifféremment son miel des fleurs et des excréments ».

Christian Gury
Charlus (1860-1942) ou aux sources
de la scatologie et de l’obscénité
de Proust

301 pages, 27
Proust et la femme pétomane
110 pages, 16 - Éditions Kimé

En quête du vent perdu Par Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°42 , janvier 2003.
LMDA PDF n°42
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