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Histoire littéraire La croix et la manière

mars 2003 | Le Matricule des Anges n°43 | par Jean Laurenti

C’est à un exercice à haut risque que Lucette Finas -auteur d’une dizaine de romans et d’essais consacrés notamment à Bataille et Mallarmé- se livre avec cet ouvrage publié une première fois en 1958 : évoquer la plaie béante du génocide des juifs sur le mode romanesque et de surcroît comique. Le récit, composé à la première personne, est porté par Armand Navicel, un être naïf et cependant d’une radicale lucidité : il sait que derrière certains mots gît un réel terrifiant. En lui lançant de façon faussement incidente qu’au fond elle « n’aime pas les juifs », Gilberte, sa femme va déclencher en lui un processus irréversible. Afin qu’elle revienne sur cette phrase, que Gilberte et le monde entier clament leur amour du peuple martyr, il va faire de son existence une œuvre de persuasion, une tentative démesurée, pathétique et drôle, malgré tout, de rachat. « Il m’arrive de penser que je suis à la tête d’une gigantesque entreprise de nettoiement. (…) Ou que ma parole soulève des volontaires qui chassent les immondices aux quatre coins du globe », dit Navicel, dont le patronyme est l’anagramme homophonique de lessivant (Lecivan) : il s’agit bien de laver les consciences de la faute commise, de prendre sur ses épaules une part écrasante du fardeau, fût-ce au prix de son intégrité mentale et physique.
Lucette Finas, dont c’était le premier roman, manifeste une belle maîtrise de l’art du dialogue, des flux de pensée de son personnage. On songe parfois à Raymond Queneau, à sa tendresse pour les êtres incomplets, son goût pour les répliques décalées : « Gilberte chérie, êtes-vous intense ? » demande un jour Armand à celle qui deviendra sa femme. La question est sérieuse : n’est-il pas lui-même « un brasier », derrière ses apparences de fonctionnaire « calculateur » et maniaque ? Le récit, parsemé de références au feu, à la brûlure, la consomption, se déploie au gré des stratagèmes -tous évidemment vains - que Navicel conçoit pour accomplir sa mission. En marchant vers sa chute, il acquiert une épaisseur grandissante et suscite chez le lecteur attachement et compassion. L’Échec est un livre réussi.

L’Échec
Lucette Finas
Farrago/Léo Scheer
229 pages, 18

La croix et la manière Par Jean Laurenti
Le Matricule des Anges n°43 , mars 2003.
LMDA papier n°43
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