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Entretiens Tendre est la nuit

octobre 2003 | Le Matricule des Anges n°47 | par Thierry Guichard

En les plongeant au cœur des ténèbres, Lobo Antunes libère ses personnages pour qu’ils flottent à la surface du roman, ombres de nos amours déchues.

Que ferai-je quand tout brûle ?

C’est un fleuve puissant. Peut-être le Tage quand il « finit par se jeter dans l’océan pour s’y perdre dans une sorte de soupir ». On y plonge et nous voilà emportés, délicieusement emportés, non vers l’horizon nu de la mer, mais, à contre-courant vers l’amont. C’est Paulo qui parle d’abord et sa voix est un fleuve qu’on va remonter pour, affluents chargés d’émotions, croiser d’autres voix : celle de Carlos, père présumé et travesti, celle de Judite, mère meurtrie et alcoolique, celles de Madame Helena et de son mari qui élèveront l’enfant sans identité dans une maison où les photos s’effacent près de vases vides. On entre par une voix et c’est toute l’humanité qu’on explore.
Avec son architecture symphonique où les voix se mêlent, António Lobo Antunes parvient à stopper le temps et nous glisse dans un présent du définitif où toutes les strates de la conscience émergent. Que ferai-je quand tout brûle ? est un livre épais mais il est plus profond encore. De cet univers des quartiers pauvres et périphériques de Lisbonne, où Paulo se shoote contre des murs défaits, où Judite accueille les « chiens » dans sa chambre faute d’amour et d’argent, où Carlos danse en play-back, le romancier parvient à extraire tout l’humanisme et à nous offrir « une marguerite qui s’ouvre pour nous protéger du jour ».
Paulo regarde son père comme un clown, grimé qu’il est en blonde facile au « parfum si dense qu’on pouvait le tenir dans sa main ». Est-ce bien là son géniteur, cette femme qui le présente comme un neveu aux hommes qui la paient pour la nuit ? Carlos est Soraia quand le rouge à lèvres blesse sa bouche. Est-il, Paulo, le fils de Soraia et Judite ? La question de l’identité, sexuelle, familiale, sentimentale court à travers tout le livre, ponctuée ici et là par « les points d’interrogation des cygnes » qui « glissaient en questions pensives, sans poids mais déchirantes, douloureuses ».
Construit par chapitres qu’on lit en apnée dans une plongée vers l’âme humaine, le roman ramène à la surface ces corps réels qui n’étaient d’abord que des personnages. Et l’enfance surtout, reconstituée par la répétition de souvenirs affectifs, de phrases banales, de silences. On pense, à lire cet amour non avoué de Paulo pour ses grands-parents putatifs à l’auteur lui-même dont le père fut longtemps absent et dont la mère ne laissait pas paraître son affection. C’est peut-être de l’amour tu, d’un silence insoutenable pour un enfant, que naissent les grandes œuvres. En seize romans, António Lobo Antunes a bâti un monde d’une générosité démesurée où les fous, où les vieillards, où les drogués, où les objets même donnent un amour si grand, que c’est toujours un deuil de refermer le livre.
Écrivain obsessionnel que l’écriture accompagne de jour comme de nuit dans les trains, les hôtels, les restaurants, l’homme murmure des réponses aux questions qu’on ne lui a pas posées. Prétextant sa surdité par élégance, il préserve ainsi l’univers où des voix...

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