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Jeunesse Chute libre

janvier 2004 | Le Matricule des Anges n°49 | par Malika Person

La romancière grecque Alki Zei explore les relations familiales d’une jeune adolescente « sans histoires » devenue toxicomane.

Dans un récit éclaté, à l’image de la vie de Constantina, une adolescente de 13 ans, l’auteur montre la famille comme un creuset de non-dits, un lieu où les plus fragiles sombrent dans la solitude et le désespoir. Là où la langue ne sert plus à rien naissent secrets et mensonges, interdisant toute tentative d’expression authentique. Ne restent que la symbolique des images, les souvenirs d’un temps passé heureux pour Constantina ou glorieux pour sa grand-mère, une ancienne de la Résistance grecque. Alki Zei réunit ces deux personnages aux caractères apparemment opposés qui se rejoignent dans leur absence de complaisance l’une envers l’autre et finissent par entretenir une relation quasi muette. Dans ce roman, Constantina raconte son histoire depuis sa naissance et tout se mêle à l’instar des modes de narration : allers-retours incessants entre passé et présent, descriptions, dialogues, monologues, extraits de journal intime… Emmêlée dans ses « toiles d’araignée », Constantina se replie sur elle-même. Éloignée de ses parents qui refont leur vie en Allemagne chacun de leur côté, éloignée de ses amis, la jeune adolescente est contrainte de retourner vivre en Grèce chez sa grand-mère et perd tous ses repères.
Véritable macrophotographie des aspirations secrètes de Constantina et de Farmour, Le Grand Écart révèle deux personnages qui languissent dans l’étroitesse de leurs corps, sans mesure avec l’intensité de leurs désirs. Alki Zei fait de ce roman celui de la décadence et du déclin, une dégénérescence, une ruine de la naissance et un rappel de la brièveté de la vie, comme pourrait le ressentir un vivant sur le point d’expirer… Une décadence d’abord marquée par la figure de la grand-mère, femme du passé, obsédée par le culte des morts (de son mari héros de guerre et de Vénétia, sa première petite-fille adorée disparue accidentellement à l’âge de 10 ans) et par sa haine des Allemands, qui fait de son ultime résistance une agonie, la matière de sa vie : « Comment ça va la vie ? Mal, a répondu Farmour. »
Pour Constantina, la décadence s’exprime à travers la maladie, jusqu’à la toxicomanie, manière pour l’auteur de dire la désagrégation d’une époque que défigurent la séparation et l’individualisme des adultes censés protéger la jeune fille, et dont elle est la principale victime. En crise depuis sa naissance, le corps de la jeune fille est incarné douloureusement : « J’ai mis du temps à tout faire. J’ai mis du temps à tenir ma tête droite, à m’asseoir, à me tenir debout, à marcher à quatre pattes, à marcher, et même à parler. » Physiquement, dans un troublant corps à corps, l’écriture en décrit les symptômes. Les mots de la romancière grecque frappent le plus souvent juste, mais avec des faiblesses, notamment dans la peu vraisemblable naïveté de Constantina face à la drogue, ainsi que dans un certain simplisme des situations.
On reste en effet un peu sur sa faim à la lecture de ce livre sans doute généreux, mais victime de ses bonnes intentions. Sa juste ambition de décrire toute une vie aurait mérité une écriture plus consistante, moins inégale.

Le Grand Écart
Alki Zei
Traduit du grec par Anne-Fleur Clément
La Joie de lire
290 pages,12

Chute libre Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°49 , janvier 2004.