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Théâtre Hanter l’imaginaire

mars 2004 | Le Matricule des Anges n°51 | par Laurence Cazaux

Les pièces de Christophe Pellet sont habitées de présences étranges, de lieux en ruine. Un autre regard sur un monde menacé d’effondrement.

S’opposer à l’orage (suivi de) Une nuit dans la montagne

Christophe Pellet est né à Toulon en 1963. Diplômé de la FEMIS, il écrit pour le théâtre et le cinéma. Ses pièces sont régulièrement portées sur scène, elles sont également traduites et représentées en Angleterre ou en Allemagne. Christophe Pellet est aussi co-scénariste de longs métrages (Tous les nuages sont des horloges réalisé par Raoul Ruiz, Avec tout mon amour, réalisé par Amélia Escuria…) Cet aller-retour entre le théâtre et le cinéma participe certainement à l’originalité de cette écriture dans sa manière si particulière de capter des ambiances, de saisir l’humanité et l’errance de ses personnages, leur difficulté à se situer face à un monde en profonde mutation.
Les deux nouvelles pièces publiées chez l’Arche ont plusieurs liens communs. Ainsi, elles ont pour même décor un lieu délabré, anciennement prospère, un ancien domaine dans S’opposer à l’orage, un théâtre peuplé de silence dans Une nuit dans la montagne. Ce délabrement rejaillit sur les êtres qui hantent ces lieux. Un même personnage se retrouve dans les deux pièces, un garçon aux cheveux roux, un « Petit renard », proche du mutisme. Une sorte de garçon-poupée ou de garçon-bonzaï, aimé par des femmes qui veulent l’empêcher de grandir, les cheveux roux pouvant symboliser la flamme qui n’est pas encore éteinte. Les personnages de Christophe Pellet ont des présences-absences très marquées, proches du flou pour certains ou au contraire complètement figées pour d’autres. Tous les personnages se définissent par rapport au lieu en ruine. Certains rêvent de leur reconstruction-résurrection, d’autres au contraire ne cherchent qu’à tourner la page. Les ruines finiront à chaque fois par être « rénovées » et malgré cela, il planera toujours le sentiment lancinant de vivre un temps où tout s’effondre. Christophe Pellet cherche à saisir combien toute une époque est révolue dans son rapport à l’amour, la famille, l’argent, la beauté…
Ainsi, le sentiment de ne pas savoir aimer est commun aux deux pièces. Toutes sortes d’incompréhensions sont mises en jeu. Et créent d’étranges non-rapports. Voici par exemple dans S’opposer à l’orage le conseil d’une mère à sa fille pour l’inciter à se marier : « Crois-moi, Jared n’a rien d’un homme : c’est une ombre et un errant, tu pourras en tirer quelque satisfaction avant qu’il ne se solidifie. Profite de cet état incertain. Tirons-en quelques intérêts, et surtout quelque argent. Il sera temps ensuite de nous en séparer… »
Les ombres et les errants hantent ces deux pièces. Comme si, tiraillés entre leurs rêves, leurs aspirations et un monde bouleversé, les personnages avaient du mal à naître à eux-mêmes. À l’instar de cette citation de Quand nous nous réveillerons d’entre les morts d’Ibsen : « L’irrémédiable, nous le comprenons seulement… quand nous nous réveillons d’entre les morts. (…) Nous comprenons que nous n’avons jamais vécu. »
Un autre spectre habite l’univers de Christophe Pellet, celui de la beauté. Lydia explique dans S’opposer à l’orage : « J’ai toujours pensé que la beauté pouvait beaucoup. Elle seule a le pouvoir sur l’argent. » Mais comme notre monde bascule dans le commerce, ce désir de beauté paraît de plus en plus compromis.
Dans une réplique d’Une nuit dans la montagne, l’auteur fait dire à un de ses personnages : « Les grandes aspirations sont comme des grandes pièces de théâtre : des chefs-d’œuvre qui nous hantent toujours, et qu’il nous faut nous représenter, encore et encore… » Christophe Pellet travaille à hanter notre imaginaire, dans un monde où la frontière entre les vivants et les morts est de plus en plus ténue.

S’opposer à
l’orage

suivi de Une nuit dans la montagne
Christophe Pellet
L’Arche
136 pages, 13

Hanter l’imaginaire Par Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°51 , mars 2004.