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Médiatocs Confession d’un branleur

mai 2004 | Le Matricule des Anges n°53 | par Thierry Guichard

Le roman de Franz-Olivier Giesbert pourrait illustrer, dans un dictionnaire, le mot « insipide ». Écrit à l’eau de bénitier, « L’Américain » débarque son lot de clichés à trois sous.

L' Américain

Le narrateur est un journaliste écrivain qui nous raconte un peu sa vie. Plus particulièrement le rapport qu’il entretenait avec son père, Frédérick Giesbert. Il ne lui parle guère car papa est méchant : il bat maman. Comme le narrateur a appris à l’école que les répétitions, c’est pas bien, il trouve plein de mots pour dire ça : « flanquer des raclées », « mère battue comme plâtre », « les coups pleuvaient comme les obus à la bataille de Gravelotte « , » casser la gueule à maman « , » il hurlait des gros mots, en la cognant » (des gros mots, vous vous rendez compte !), « maman reçut une première taloche « , » rouer de coups ». Heureusement, maman aime ça, c’est dû, nous dit l’auteur, à son « masochisme sulpicien qui la rongeait ». Les femmes battues sont finalement bien contentes de l’être. Certes, ça peut être dangereux pour elle, car « il aurait pu tuer ma mère, d’un coup de poing mal placé » ; grâce lui soit rendue alors d’avoir toujours su bien placer ses coups. L’homme qui, le 6 juin 1944 était à Omaha Beach avait « le muscle (qui) passait en premier. Le muscle de la main, pour être précis. » C’est à ça qu’on voit le grand écrivain : la précision. Sûr que « le muscle de la main » outre que c’est joli, c’est super précis.
Face à la violence familiale, l’enfant se réfugie sur les bords de Seine et dans un mysticisme normand qui provoque tout de suite une montée de sève poétique. Sortez vos chemises à jabots pour lire ce qui en résulte : « Les oiseaux qui trillaient, les fourmis qui ruisselaient de leurs cratères, les garennes qui dansaient sous les ronces, les graines qui craquetaient de bonheur, le vent qui caressait les cheveux des saules. » Et le lecteur qui en pleure de rire.
Pourtant le livre est très sérieux : il parle de la guerre, du débarquement que papa a fait « tout ruisselant d’eau et les brodequins glougloutants » pour sauver la France. Ceci dit, la France était protégée par Dieu ; Giesbert le fait remarquer avec beaucoup de finesse : « comme partout, la cathédrale de Rouen a survécu, malgré l’incendie qui l’a endommagée (…). C’est une insulte aux incroyants. » C’est donc sous le « sourire effronté de Dieu » que papa rencontre maman (ses héros) « avec les palpitations et les transpirations des amours au commencement. » Ah, que Giesbert parle joliment des sentiments… Maman, après guerre, part aux États-Unis « morceau d’Éden, tombé sur terre » pour épouser papa, enseigner dans les universités, faire deux enfants (l’auteur himself et sa sœur) avant de revenir ensemble sur le Vieux Continent. Maman « est encore tombée enceinte. Une manie » déplaisante pour son mari qui lui « flanque des piles ». Franz-Olivier ne pense alors qu’à tuer son père et met des clous sur la route que le géniteur parcourt à vélo (quelle violence on vous dit !). Après une période d’intenses masturbations (mais l’auteur nous met en garde : l’onanisme, c’est pas bien), F.O.G. découvre la philosophie et le nom de Spinoza vient s’ajouter aux listes d’écrivains, peintres, musiciens présents dans le livre (la culture se décline ici, comme une liste de courses, en noms connus). F.O.G. tue des bêtes le dimanche et les cuisine ensuite pendant que maman « aidée par mes deux sœurs, passe toutes les pièces de la maison au balai et à l’aspirateur, avant de s’attaquer à la lessive de la semaine. » On est là au cœur d’une œuvre littéraire dense, enivrante et profonde. Plus tard, partisan de l’Algérie française le petit F.O.G. voit un frère en chaque Arabe croisé, comme il voyait en ses chèvres de « petites sœurs ». Mais ça fait longtemps qu’on ne prête plus trop attention à ce qu’il écrit ; on ne le lit que pour voir jusqu’où un éditeur peut se compromettre.

L’Américain
Franz-Olivier Giesbert
Gallimard
173 pages, 15,50

Ce que la presse en dit…
Le Nouvel Observateur :
« Ce récit noir comme du Maupassant est un miracle : de gaieté, de fantaisie et, allez comprendre comment, de tendresse aussi. La vraie, celle qui ne rend pas les armes. » (Jean-Louis Ezine)

Les Échos : « Jamais Giesbert n’a écrit aussi serré, aussi dense, aussi sec. (…) Un récit exutoire, sans doute, rageur et maîtrisé ». (Annie Coppermann)

Le Figaro magazine : « Il se dévoile jusque dans ses tics d’écriture : naïf et touchant. Giesbert n’est jamais dans le détail, il est dans l’élan. » (E. de Montety)

Confession d’un branleur Par Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°53 , mai 2004.
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