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Entendu à la radio Non, non et non !

juin 2005 | Le Matricule des Anges n°64 | par Valérie Rouzeau

BOUM UN COUP DE CANON VIENT DE PARTIR ARRIVERA-T-IL AVANT MOI APRÈS TOUT LE CIEL EST UN ABAT-JOUR ET NOUS NE POUVONS PAS TOUS PASSER NOTRE VIE SOUS LA LAMPE ET CLOWN JE CRÈVE LA CARTE POSTALE Pierre Albert-Birot In La Joie des sept couleurs.

Comme nous recevions au Centre culturel de Tinqueux le 10 mai dernier l’homme du monde Jean-Baptiste Para pour nos mensuels Dithyrambes, le poète discret, fabuleux traducteur et rédacteur en chef de la deux fois quadragénaire revue Europe nous a fait part de son inquiétude sérieuse quant à l’avenir de la poésie en France tant du côté de l’édition de plus en plus soumise aux plus viles lois marchandes de la consommation immédiate que du côté des ondes. Jean-Baptiste co-produisait Poésie sur Parole à France Culture avec André Velter depuis des années lorsque Laure Adler l’a remercié, lui et bien d’autres. Dans le public aquatintien de cette soirée se trouvait l’écrivain Gisèle Bienne qui se souvenait d’écouter jeune fille les poètes à la radio dans la pénombre du grenier de sa maison d’enfance. Ce témoignage m’a particulièrement émue. Il dit si bien cela, tellement caractéristique de la poésie, à savoir qu’elle ne s’adresse qu’à un(e) seul(e), quand même nous sommes des millions de fois ce lecteur, cet auditeur uniques. Le souvenir tout bachelardien de Gisèle Bienne est aussi clair qu’un souvenir de lecture je pense à Victor Segalen en forêt de Huelgoat avec son Shakespeare, même s’il y aurait des exemples moins… définitifs à citer.* Poésie sur Parole continue d’exister encore un peu, à peine une demi-heure le dimanche après-midi, de 16h à 16h30, à condition que le Carême ne nous en prive pas pendant quelque six semaines après quoi une longue grève aura lieu à Radio France comme vous savez les anges. Bref. Si nous avons pu capter quelques émissions, de plus en plus rarement diffusées, ce n’est pas parce que nous avons trouvé le menu dans Le Monde ou Télérama (les programmes annoncés ou bien ne passant pas ou bien étant remis à plus tard) mais grâce au bouche à oreille et aux appels d’amis : « Ne rate pas Essenine, il est reporté du 17 avril au 1er mai. » Merci Crocodile. La poésie n’est pas la seule victime des nouvelles nouvelles grilles, les sciences ne sont pas mieux traitées depuis que la station privilégie le direct. En somme, tout ce qui pense, tout ce qui crée a plus ou moins été sacrifié : coupé, supprimé ou censuré. Alors, au risque de radoter, nous je redis(ons) NON, NON et NON comme dans quelques jours nous irons voter notre refus d’une Europe où nous crèverons tous si nous ne sommes ni hommes d’affaires ni pleins aux as. Coq-à-l’âne, coq à l’âme, états d’âme, États d’arts, 5 avril 2005, Culture encore, 22h30 in Surpris par la nuit. On ne saurait regretter que Sophie Nauleau ait remplacé Marie du Bouchet ce mardi d’avril aux commandes du magazine mensuel d’actualité des arts plastiques. Cinq artistes et spécialistes s’expriment ici : Marie Herzog, Marko Velk, Olivier Masmonteil, Philippe Marin et Patrick Cornillet. Et alors c’est de la couleur « Les couleurs sont lumineuses, du vert, du bleu, du rose, du jaune : des teintes plus que vives qui se retrouvent dans les vingt-quatre compartiments d’une petite boîte japonaise… » (à propos de Marie Herzog) et puis aussi du noir et blanc (Marko Velk) qui passent via nos oreilles grâce à la magie des ondes. Sophie Nauleau mène des entretiens de grande qualité, sensibles et pertinents, chaleureux et savants tout à la fois. Si l’actualité dont il est question n’est plus de mise au moment où nous rédigeons ces lignes, les paroles des uns et des autres nous auront enchantée : « Vous êtes un jeune homme au regard tout clair (…) d’où vous vient ce penchant funeste, macabre ? » « Je ne sais pas, c’est probablement la raison pour laquelle je fais ce métier. Je cherche » répond le Croate installé à Cachan et diplômé en gravure, Marko Velk. « Fils spirituel de Rebeyrolle et du Magicien d’Oz (…) Olivier Masmonteil mène joyeusement sa barque en inventant sa propre histoire de l’art… » Lorsque Philippe Marin, ouvrier de génie « au service des artistes », qui reçoit Sophie Nauleau et Olivier Masmonteil en son repaire aux trésors (un Rebeyrolle et un Pincemin les arcueillent nous sommes à Arcueil de chaque côté de la cage d’escalier) évoque « l’épicéa de Savoie » qu’il utilise pour la confection de châssis « élaborés sur des toupies des machines classiques de menuiserie » nous plongeons dans une bonne et profonde rêverie…

Poésie, peinture, et beaucoup de musique surtout les jours de grève. Une pensée pour Florence Aubenas et Hussein Hanoun. Une pensée pour le pompier américain sorti du coma où il était plongé depuis dix années après qu’un immeuble s’était en partie écroulé sur lui et qui demande à son réveil : « Je voudrais parler à ma femme ». Ouklej. Hasta toujours la victoria.

Valérie Rouzeau

* Voir le beau livre de François Boddaert, Petites portes d’éternité, Hatier, Paris, 1993. On a retrouvé le poète mort, étendu sur un tapis de mousse, son Shakespeare ouvert à la tragédie de Hamlet.

Non, non et non ! Par Valérie Rouzeau
Le Matricule des Anges n°64 , juin 2005.