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Dossier Raymond Federman
Le sens de la mémoire

novembre 2005 | Le Matricule des Anges n°68 | par Thierry Guichard

Il y a quelque chose de drôle, évidemment, dans Retour au fumier. Ça tient avant tout à la construction du récit : Federman est avec sa femme en France. Ils doivent se rendre à Cannes, louent une Mégane et se détournent par le Sud-Ouest, objectif la ferme où l’écrivain travailla pendant la guerre, une fois sorti du débarras qui lui sauva la vie. Le livre raconte donc la quête de la ferme et restitue les souvenirs, reconstitués, de l’époque. Mais un autre interlocuteur surgit dès le début qui pose, en caractère gras, des questions. Il s’agit d’un ami américain qui envoie des emails dans lesquels il ne se gêne pas pour aiguillonner l’auteur : « Federman, arrête de procrastiner et raconte-nous la ferme, maintenant. » Idem d’Erica, sa femme qui trouve bizarres les envolées lyriques de son mari à propos de la beauté des chevaux : « Qu’est-ce qui t’arrive ? C’est quoi tout à coup ces conneries d’émulation au sujet des chevaux ? » On le sait : l’humour masque un sentiment douloureux, une gravité. Celle-ci devient plus explicite, vers la fin du livre : « j’ai pas de passé avant le jour où j’ai commencé à travailler à la ferme. La ferme a effacé toute ma jeunesse. »
Ça n’a pas été une époque joyeuse : le gamin, 13 ans, est embauché par un vieux teigneux, Lauzy, et sa bru, Josette. Les temps sont durs et la bêtise colle à l’âme du paysan comme la merde au cul des vaches du voisin. L’enfant est humilié en permanence, rabroué. Mais il grandit, s’invente des histoires pour tenir, se laisse emporter par une libido déjà galopante. Les pages où Federman se coltine ses souvenirs sont d’une beauté animale, brute, olfactive. L’écrivain excelle à faire sentir la merde, le fumier envahissant, le sang du cochon qu’on égorge, la rudesse des sabots garnis de paille, la matérialité crasse de la vie paysanne à l’époque. Des images fortes tiennent le lecteur dans une multitude d’impressions physiques. On songe à cette complicité blessée qui va lier l’adolescent à la fermière. Celle-ci, dont le mari a été envoyé en camp de travail forcé, marie la rudesse à la douceur. Tueuse de poulets ou de lapins, elle sait comprendre la détresse du jeune garçon. La nuit, elle vient le soulager de ses angoisses, une main sur son sexe, dans le silence têtu de ce qui ne se dit pas. Retour au fumier aborde aux franges les plus tendres de l’univers de Federman, comme si la nostalgie venait y débusquer une autre histoire. Celle de l’amour d’un homme et des chers disparus qu’il représente pour l’enfant, le fils, le frère qu’il fut ou qu’il aurait pu être.

Retour au fumier, traduit de l’américain par Éric Giraud, Al dante, 206 pages, 20

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