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Domaine français Lumière intérieure

février 2006 | Le Matricule des Anges n°70 | par Lucie Clair

Lina Lachgar est une femme inclassable, inclassée. Mais qui a de la classe. Un récit en forme de promenade dans un univers onirique et précieux.

Quelques jours à Twilightstrasse

On a voulu la comparer à Daumal, à Caillois, on l’a dite proche de Cocteau car il avait préfacé son premier recueil de poésie, et certes il est des points de passage, des affinités, des complicités, avec eux, comme avec Proust, lu relu, sujet de précédentes parutions et toujours en filigrane, comme avec Max Jacob, frère spirituel, tous deux ici encore rassemblés en hommage. Pourtant, ce n’est pas par la comparaison ou la mise en perspective des références qu’il convient au mieux d’aborder Lina Lachgar, mais par un abandon consenti à une longue et lente plongée dans un univers intérieur, dévoilé, masqué, suggéré, exposé, selon les moments. Comme une invitation qu’elle nous aurait envoyée, ces Quelques jours à Twilightstrasse nous en fournissent la parfaite occasion. En apparence une simple ballade au fil des jours, des sensations, des impressions, « ample moisson d’images, petites résurrections de l’âme et de la mémoire », c’est une exploration d’une troublante luminosité qui se déploie « dans la chimie des très bas ciels. »
Exploration qui ne peut se terminer en une seule lecture il faut y revenir selon les jours, selon les humeurs d’un texte écrit au fil de l’eau, omniprésente, tissé des heures bleutées des crépuscules car « twilight » en anglais, est cet espace indéfini, aube ou début de nuit, mis en abyme, parcelles de confidences nocturnes, tapies « dans cette nuit d’où naissent la vie et la dérive près des écluses invalides et anonymes », et de visions en partage où « croissent en abondance des minuits ensoleillés ».
Univers ciselé, parfois précieux, monde habité de métaphores et de créatures on pense aux tableaux de Delvaux, en cherchant à s’imaginer cette « ambassadrice du Rêve » effiloché de perceptions, ouvragé comme un brocard oriental, en ode à la volupté. Lina Lachgar écrit comme on échange un premier baiser amoureux, à pleine bouche, fiévreusement et délicatement à la fois. Ode amoureuse, incontestablement, ces Quelques jours à Twilightstrasse sont aussi vertige de la quête de l’autre : « ma main sur votre corps se libère de la nuit mais vous êtes la nuit entière. » Ode à l’être aimé, à son silence « qui s’installe comme dans l’intervalle d’un crime », et ses absences, « je tenais la tête de la nuit dans mes mains », ode à cet « Eclat noir » du désir, « beau comme ce gant perdu dans une nuit de fête », ode à la poésie des autres, à leur empreinte, ode à la musique et ses interprètes « entre deux Variations Goldberg », et une Gymnopédie de Satie, dans le sillage de Max Deutsch dont l’auteur « suivi(t) les cours de musique durant de nombreuses années » ou encore d’Aimée Van de Wiele jouant du clavecin pour la « douceur d’une fête privée(…) s’ouvrant aux confidences… » Hormis ces fragments de vie, éparpillés dans le tourbillon des émotions, ces Quelques jours… dévoilent moins Lina Lachgar qu’ils ne la révèlent. Elle si discrète si peu exposée dont on sait la relation profonde avec la Méditerranée par sa naissance à Alger, ses résidences dans le Sud de la France, ses accointances avec la sensualité par Saison Bleu Louise (Rougerie, 2001), exprime ici en toute incandescence la pure vitalité de son désir : « j’idolâtre le sexe du feu tandis que l’ambassadrice du Rêve porte en guise d’éventail un grand pare-feu en or qui compte les minutes. » Lina Lachgar nous livre ainsi un opus intime, rompant en apparence avec ses récentes livraisons, consacrées pour la plupart à ceux qu’elle souhaitait honorer et saluer, et dans lesquelles elle s’exerçait à un retrait, une réserve qui n’a plus cours ici.
On aime ou on n’aime pas le raffinement qui préside à son écriture, empreint d’une certaine idée de la féminité, flamboyante, inassouvie et changeante. On ne peut y rester insensible.

Lucie Clair

Quelques jours à Twilightstrasse
Lina Lachgar
Éditions de la Différence, 63 pages, 10

Lumière intérieure Par Lucie Clair
Le Matricule des Anges n°70 , février 2006.
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