Pirogue a été écrit lors de la Ruche Sony Labou Tansi, résidence d’auteurs francophones organisée à Bamako en 2004 par Les Écritures vagabondes, le Nouveau Théâtre d’Angers et l’association malienne Seben. La thématique en était : « féminin-masculin dans le monde ».
Trois Européennes, Les Elles, trois Européens, Les Eux, L’A-part, un autochtone et une silhouette se retrouvent donc sur une pirogue à descendre le long d’un fleuve mythique.
Malgré la beauté du monde traversé, les Elles et les Eux vont constater leurs différences, les deux groupes ne se mélangeant pas et se parlant peu. Les Elles vont même tenter de ne plus employer aucun mot masculin, comme pour mettre fin à la suprématie masculine qu’elles décèlent dans l’utilisation de la langue. La communication se complique donc énormément. Mais les Elles persistent : « Si on veut changer le mon… la vie, il faudra bien y arriver, à tout ne dire qu’au fémi… à la féminine, quoi ! » Pendant que les Eux craquent, à force de toujours se retenir pour être les plus forts. La pièce est drôle, avec cette partition des répliques où le rythme de la langue donne la mesure du texte à proférer. Comme un contre-chant, l’A-part prend parole régulièrement, (les textes sont traduits en songhaï). Et face au bavardage occidental, pointe une parole plus essentielle, sur la beauté du monde, le rapport amoureux… Deux fossés donc, entre l’homme et la femme, l’occident et les pays du Sud, sources selon l’auteur de saignerie, de foutrerie, de violerie, de saccagerie, de carnasserie et de tragédie…
L. C.
Pirogue de Jean-Yves Picq
Color Gang, 94 pages, 13 €
Théâtre Chavirement
mai 2006 | Le Matricule des Anges n°73
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Chavirement
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°73
, mai 2006.