La lettre de diffusion

Votre panier

Le panier est vide.

Nous contacter

Le Matricule des Anges
ZA Loup à Loup 83570 Cotignac
tel ‭04 94 80 99 64‬
lmda@lmda.net

Connectez-vous avec les anges

Vous n'êtes actuellement pas identifié. Pour pouvoir commander un numéro, un abonnement ou bien profiter, en tant qu'abonné, des archives en ligne, vous devez vous connecter avec votre compte.

Retrouver un compte

Vous avez un compte mais vous ne souvenez plus du mot de passe ? Vous êtes abonné-e mais vous vous connectez pour la première fois ? Vous avez déjà créé un compte, peut-être, vous ne savez plus trop ?

Créer un nouveau compte

Vous inscrire sur ce site Identifiants personnels

Indiquez ici votre nom et votre adresse email. Votre identifiant personnel vous parviendra rapidement, par courrier électronique.

Informations personnelles

Pas encore de compte?
Soyez un ange, abonnez-vous!

Vous ne savez pas comment vous connecter?

Domaine français Crusoé écolo

juin 2006 | Le Matricule des Anges n°74 | par Philippe Castells

Quand Jean-Luc Coudray écrit pour apprendre quelque chose à Dieu, les messages parfois sont effrontés. La preuve en trois livres.

Les Deux îles de Robinson

Faire un remake de l’aventure du célèbre naufragé, a priori, relève de la recette éculée. Mais certains plats se bonifient, ou en tout cas révèlent des saveurs nouvelles, suivant leur accommodement.
Première astuce, bien que notre héros se prénomme Robinson rien ne laisse supposer, malgré les similitudes de circonstances, qu’il s’agisse du même homme. On peut donc lui prêter des sentiments, des sensations, des réflexions que nul autre avant lui n’avait exprimés, sans faillir à la légende. Deuxième astuce, on modifie légèrement le scénario : au lieu d’une, il y a deux îles, dont l’une volcanique. Troisième astuce, en définitive : Vendredi est une femme, d’ailleurs personne ne l’a baptisée. Tous les éléments sont réunis pour emmener le héros vers son nouveau destin. Roman d’un parcours initiatique, certes : Robinson en laissant les événements venir à lui, en se glissant en eux, pourrait-on dire, finit par gagner une sagesse, une sérénité, qui semblait latente en lui, et qui trouve, ou retrouve, sa pleine expression dans un retour à la nature, un retour aux sources. Le style narratif est proche du conte philosophique, notre Robinson a quelque chose de Candide. Tout se passe sous le mode du constat : ainsi de rapprocher sa situation d’unique survivant dans un Eden cerclé d’eau de celle, justement, d’un habitant du paradis : « il se trouve que la seule issue pour quitter mon enfermement est la mort et que je conçois la vie après la mort identique à ma vie sur cette île ». Ces lignes sereines, jusque dans l’observation des cadavres des sinistrés du naufrage ou de l’éruption volcanique ou enjouées, dans la découverte d’une nature extravagante : « Robinson pensa reconnaître dans l’excès de cette nature quelque chose d’humain », rappellent la verve d’un Dhôtel, une philosophie qui a trait à une paisible remise en question. Quelque chose qui aboutit à du vivant.
Paisible, quant à lui, Le Professeur Bouc ne l’est pas. Et pour cause : tout est sujet à caution, surtout la science, surtout la conception que l’homme se fait de l’univers. Une question résume l’idéologie de tout ce texte, fortement drolatique : « Quelle différence y avait-il vraiment entre un martien, un yéti et le professeur Bouc, tous les trois privés d’existence dans le contexte totalitaire du savoir actuel ? » On retrouve ainsi la philosophie sous-jacente aux textes de Coudray : « Les humains étant enkystés par le refoulement, il ne restait qu’à chercher secours vers les intelligences inférieures, plus proches de la nature et de la vérité, ou des intelligences supérieures, plus proches de Dieu et de la vérité. » Ce qui conduit à : « le professeur Bouc poursuivait seul son travail sur les yétis et les extraterrestres en s’étudiant lui-même. » Aveux presque libertaires, servis par une truculence et une variété de situations aussi imprévisibles qu’exemplaires.
Jean-Luc Coudray lutte contre la gravité de la vie et le dérisoire en habillant de sens nouveaux les circonstances qui nous assaillent. Tout amène à des conclusions extraordinaires, ou en tout cas inattendues, comme si la simple constatation commune des choses confinait à l’inintelligence, ou tout du moins à l’uniformité, au banal, à la mort. Ainsi les récits du recueil Nona (que L’Amourier réédite) chassent-ils l’entropie dans chaque scène du quotidien, dans chaque pli de la vie. « De qui es-tu amoureux ? me demande ma femme. Je suis insolvable. Elle a les yeux enchevêtrés. Je lui réponds : de nous » ou encore « Sa langue vient palper les mensonges de ma bouche ».
En phrases très concentrées, l’auteur peint des saynètes réelles ou poétiques dont le rythme, presque saccadé, entraîne la lecture, l’envie. On parle d’empereur, de prophète, de la mer, des amis, de l’amour, du temps, des jeunes, de ce qui fait la vie.
« Après ils se séparent. Ils sont heureux. C’est un style. »

Jean-Luc Coudray

Les Deux Îles

de Robinson
Bleu autour
82 pages, 9
Le Professeur
Bouc

Théories d’un irascible
L’Arbre vengeur
122 pages, 10
Nona
L’Amourier
79 pages, 11,50

Crusoé écolo Par Philippe Castells
Le Matricule des Anges n°74 , juin 2006.
LMDA PDF n°74
4,00