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Domaine français Identités en péril

octobre 2006 | Le Matricule des Anges n°77 | par Thierry Cecille

Qui dit je en nous ?

Montaigne le disait déjà : « On s’apprivoise à toute étrangeté par l’usage et le temps ; mais plus je me hante et me connais, plus ma difformité m’étonne, moins je m’entends en moi. » Aujourd’hui, victimes à la fois d’un narcissisme trop fort et d’une conscience de soi volatile, nous n’aurions qu’un désir : être notre propre Pygmalion, le démiurge de notre propre vie. Claude Arnaud (biographe estimé de Chamfort et de Cocteau) dresse le diagnostic de cette épidémie qui nous menace, et il précise : « Si nous inventons en partie ce que nous sommes, notre identité ne se différencie donc qu’en proportion, et non en nature, de celle des imposteurs. » C’est surtout à de tels imposteurs, se forgeant un destin d’emprunt, falsifiant jusqu’à leur intimité la plus profonde, qu’il consacre cette longue étude, parfois un peu répétitive mais menée avec perspicacité et une certaine empathie non dénuée d’humour. S’il remonte au cas ancien et désormais bien connu de Martin Guerre, s’il rappelle que le XVIIIe siècle fut fertile en personnalités flottantes (le chevalier d’Eon, le comte de Saint-Germain), c’est bien à notre époque que se multiplient les cas. Jean-Claude Romand croise ici Michael Jackson, Pessoa, inventant ses hétéronymes, « galaxie minée par la mélancolie », pour « se perpétuer dans son placenta poétique », côtoie Von Stroheim, préférant être détesté en passant pour l’aristocrate viennois qu’il n’est pas plutôt que d’être ce qu’il est : l’enfant de deux bourgeois juifs. Les chapitres les plus passionnants sont sans doute ceux qui retracent la pathétique et troublante invention de soi de Benjamin Wilkomirski : enfant suisse abandonné par une mère infortunée, choyé par de riches parents adoptifs, il se prend peu à peu pour un enfant rescapé des camps d’extermination, allant jusqu’à écrire ses Fragments, atroces souvenirs admirés partout, jusqu’à Jérusalem avant que la découverte de la supercherie ne le renvoie à son insoutenable banalité.

Qui dit je en nous ? de Claude Arnaud
Grasset, 436 pages, 20,90

Identités en péril Par Thierry Cecille
Le Matricule des Anges n°77 , octobre 2006.
LMDA papier n°77
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LMDA PDF n°77
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